Uniquement en CD, ou plutôt un livre-CD, l'un étant à l'intérieur de l'autre. Le texte est signé Bertrand Cantat, le CD Noir Désir. Cinquante-cinq minutes d'un morceau pour une grande part improvisé, joué une seule et unique fois, le 21 juillet 2002 dans le cloître du couvent des Ursulines, à Montpellier, pour une commande de France Culture.
Le mixage ne se fit qu'en février 2003 et la commercialisation du livre-disque par les Editions Verticales à partir de juin 2004, après les évènements.


Voici un extrait de la préface signé Bernard Comment:
"Le tragique est survenu entre-temps, avec sa part d'irrémédiable. D'aucuns voudraient tout effacer. Je crois au contraire que le propre de l'homme, ce qui le fait grand, est la mémoire, où l'on regarde le pire et le meilleur. Mais le pire n'abolit pas le meilleur. Il le rend plus problématique. A chacun, désormais, de faire son usage de la mémoire."


Il s'agit sans nul doute du dernier album de Noir Désir, si on a pu le comparer parfois à l’œuvre de Léo Ferré, c'est plutôt sur la forme, au travers d'albums comme "Il n'y a plus rien" ou " Et... Basta! " On peut même augurer qu'il s'agissait d'un virage important négocié par Noir Désir dans sa démarche artistique, il prolonge " L'Europe" sur "Des visages des figures" et ouvrait le groupe à un vaste champ d'exploration musicale.
Le texte a été écrit par Bertrand, pendant une tournée, c'est un long poème qui partage, à certains moments, avec l'écriture de Léo Ferré, un sens parfois énigmatique. Il en ressort avec force le choc des mots, des phrases et des images. Les 55 minutes passent très rapidement dans une folle tension, savamment maîtrisée. Certains vers reviennent avec obstination: "Nous n'avons fait que fuir / Nous cogner dans les angles" ou bien: " Tu as perdu ta langue?"
Le thème de l'album semble tourner autour de l'aliénation des masses, du réveil nécessaire et de la nécessité de retrouver le droit à la parole, à l'expression, pour se libérer des pesanteurs de toutes sortes.
Le groupe dans son entier est formidable, le climat musical dessine une suite de paysages envoûtants, soulignant les mots et sculptant les images, ajoutant à la rêverie ou criant la rage et la colère.


Il faut maintenant tourner la dernière page de l'ultime chapitre.

xeres
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le 7 mars 2016

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