Ah Renaissance ! le meilleur du prog, le seul à avoir assimilé le classique et à savoir l'utiliser, non comme des écoliers sortants de l'école, ni comme des démonstrateurs de cirque, ou comme des éternels planeurs mais bien pour faire rocker la musique avec une puissance inégalée et une douceur bouleversante.
L'album s'ouvre avec le puissant Can You Hear me . Du grand Renaissance. Point.
Puis le sublime The Sisters. La voix d'Annie est stratosphérique. Frissons des pieds à la tête, la guitare espagnole de Dunford et l'orchestre qui s'élève sont juste sublime ! Il y a une telle grâce dans ce morceau. Les synthèses de Tout sont d'une douceur et d'une économie tellement efficace. Un cours pour tous les virtuoses bonbons de l'époque sur cet instrument. la chorale finale qui fait penser à un couvent de bonnes sœurs qui planeraient et cette guitare espagnole putain ! (comme disent les Français). Et cette basse qui replonge discrètement le morceau pour le chant final d.Annie et cette vérité qu'ils essayèrent de comprendre mourut dans les échos saccadés des synthés
Midas man est le hit Anglais de l'album. Si un hit aussi mélodique conquis l'Angleterre et les States, il devrait vous conquérir. La guitare acoustique insistance , répétitive et appuyée ouvre , en sourdine, coups de cymbales discrets sur la voix précise et envoutante d'Annie. John vient appuyer avec ses hacking vocale alors que les Tubular Bells résonnent, cascades de piano à la Keith Tippett....Hypnotisme sur l'oreille, pénétrante séduction fascinant attrait comme l'or, de L'or rien que de l'or ! “Oui je prendrai de l'aveugle, jet m'infiltrerai par en arrière et te volerai, je prendrai tout ce que tu as , tout ce que tu as caché , je prendrai tout ce que je peux, je te ferai , je te briserai, je te ferai suer, rien n'a de prix, rien à moins que cela soit pour Midas ” chante Annie de sa voix de Circé et nous succomberions au sort de tout transformer en or ce que l'on touche, aveugle la suivant.... vendant notre âme...ne voulant que ses pots d'or qu'elle offre. Cette fatalité qui toucha Midas, résonne dans le monde capitaliste comme une superbe métaphore. Tout est génial dans ce morceau, inoubliable, séduisant et ensorcelant comme l'or qui brille.
“Le Cœur Captif” commence avec cette superbe intro de piano et nous transmet toute la douleur d'un cœur perdu , emprisonné par ses milliers d'amours, ses rêves brisés, ses graines d'amour plantées. Il faut continuer à aimer, quelque part une vision t'attend, et le rideau final qui tombera sur toi....encore la route est difficile. essaie de faire des compromis... le cœur captif est perdu...à vivre dans chacun des autres.... cette chanson s'élève vers l'amour comme l'écolier fuit la classe.
La pièce de résistance de l'album est la suivante: Touching Once Is So Hard To keep. L'orchestre y explose comme le groupe et au milieu de sa puissance orchestrale , un superbe solo de sax (jamais vu dans Renaissance) domine ledit orchestre. Ce morceau est un des plus grands morceaux de Renaissance, à mettre à côté de Mother Russia et A Song For All Seasons..
On y touche une fois et on y revient inlassablement...
L'angoissante montée qui commence à 5'10 et amène à l'orchestre est un chef d'œuvre...l'orchestre explose enfin et le saxophone ajoute au délire de sa puissance supporté par les synthés de Tout. Peu de groupes ont atteints de tels sommets.... L'envol du sax est à écouter avec les écouteurs....
Un album en or , d'une palette si riche que Midas aurait craint d'y toucher de peur de le cristalliser en or et de ne plus jamais pouvoir l'écouter.