Groupe assez atypique, ils ont peu d'équivalents dans leur style, surtout à ce niveau de qualité. Battery pratique une musique glauque, sans pour autant être violente, et qui oscille entre climat urbain tantôt hostile tantôt plus dansant, morceaux sous tension ralentie, et onirisme froid post-traumatique. La musique est à la fois synthétique (électro/indus/new wave) et très vibrante, par la voix lyrique (ou presque) de la chanteuse Maria Azevedo, profonde et chaude mais sans verser dans la séduction, c'est pas de la lounge, les racines cyberpunk seraient presque visibles. On reste dans un univers assez cérébral, et servi par une musique electro/indus qui prend aux tripes sans prévenir, offrant un univers presque narratif par les textures présentées, où des voies masculines vocodées plus typiques, criées, phrasées, rythmiques, viennent apporter leur part d'agressivité. L'album a déjà 20 ans et a très bien vieilli, toujours actuel par son côté presque chimique et désenchanté. Les plages plus oniriques présentent des errances bien loin de toute consonance dreamy ou happy ("Found+Lost"), et apportent une sérénité résignée, sincère, bienvenue pour contrebalancer la tension générale de l'album. Hautement recommandable, pour amateur de cyber-bad trip et de rêves avortés.