Les Smashing Pumpkins sont un groupe qui trompe la mort. Pourquoi ? Car son leader n'a pas envie. Billy Corgan est un mégalo de première et sa création ne sera pas finie tant qu'il ne l'aura pas décidé. C'est pourquoi cela fait maintenant plus de 3 ans qu'il garde le nom de sa troupe alors qu'il en est le seul survivant, après le départ de son batteur et ami Jimmy Chamberlain. Depuis 2007 et Zeitgeist, de l'eau a coulé sous les ponts et il est loin le temps où les Smashing peuvent encore concourir pour placer un morceau de leur album dans la B.O d'un film d'action comme Transformers. Maintenant cantonné au statut de has-been entouré d'une bande de jeunots recrutés sur concours, Billy se lance dans des projets démentiels et casse-gueule. Comme celui d'un album de 44 chansons distribué sur le net sur plusieurs années ou encore un nouveau CD nommé Oceania, accompagné d'une tournée mondiale.
Corgan n'a jamais su faire court et ce n'est pas avec ce huitième album qu'il apprendra. Une heure plus tard et avec des morceaux pesant en moyenne 4 minutes sur la balance, on sait donc ce que nous réserve cet énième retour d'un groupe qui a splitté pour la première fois en 2000. Oceania est vendu comme un opus réalisé en groupe, une chose qu'on a du mal à croire au vu de la réputation de tyran de studio dont dispose le chanteur. À l'écoute, il n'y a pas de doute, on sent la volonté de renouer avec le son d'antan. Auréolé de critiques plutôt flatteuses outre-Atlantique le qualifiant même de meilleur album des Smashing depuis leur fameux double-album, j'ai tout de même du mal à me lancer dans de tels comparatifs. Si on peut se réjouir d'entendre que le virage métal est définitivement oublié, celui de la guimauve et des ballades sirupeuses peu inspirées est bien présent. Emballées avec des paroles déjà entendues mille fois chez Corgan et d'autres, elles font office de remplissage et forment un bon tiers de l'album comme s'il fallait contenter la partie « emo » de la fanbase.
Il faut pourtant reconnaître que des efforts ont été faits, à commencer par la batterie puissante et enrobée faisant directement référence à l'illustre Chamberlain. Les guitares sont toujours aiguisées et sonnent comme dans les nineties. Non, s'il faut blâmer quelqu'un, il s'agit de Corgan, parfois en roue libre qui déroule des titres faciles et laisse trop libre court à ses délires dans ses paroles et ses envolées artistiques dont il peut avoir le secret qui font parfois courir et partir à la dérive un titre sans raison particulière. Si cette critique peut s'avérer sévère ou désabusée, c'est parce qu'elle vient d'un fan qui s'est amusé à une époque bénie à acheter toute la discographie du groupe, CD par CD, ce qu'hélas aucun jeune ne fera plus à l'heure actuelle. Bien sûr, cela fait bien des années que je n'attend plus rien des Smashing Pumpkins qui pour moi auraient dû arrêter avec Machina/Machines of the God qui constituait un essai plus que réussi vers un rock plus agressif et nerveux.
Malgré tout, il y a des morceaux ici qui valent le coup comme Panopticon, Quasar qui apportent du neuf, aussi tôt cassé par le mélo de titres tels que le scandaleux One Diamond, One Heart. Que dire également de ces claviers douteux que l'on peut entendre dans Violet Rays qu'on croirait parfois être la rampe de lancement d'un nouveau single d'Europe. Ou encore ceux de Pinwheels qui semble singer le générique de la série Dr Dougie ? Ajouté à une grosse impression de déjà-entendu, il est normal que le bilan ne soit pas toujours des plus positifs pour un album qui est loin d'être l'accident industriel attendu et qui supporte bien l'écoute.
La grande question qu'on se pose est de savoir si l'on a encore envie d'écouter ça en 2012 mais ça, c'est une autre histoire...