Why is everyone Will Smith?
C'est la brûlante question à laquelle « Octopus4 » va tenter de répondre, au fil de ses 46 minutes d'électro-blipblip.
« The Algorithm » est le projet (fou) d'un seul homme (Rémi, français, cocorico tout ça), dont le bouche-à-oreille fit connaître à travers les internettes son hystérique mélange de guitares saccadées, de synthés cheapos et de rythmiques bugguées - le tout enrobé d'un second degré très geek et totalement exubérant.
Après un premier "vrai" album qui synthétisait (lol-joke) tous les composants de son style unique (« Polymorphic Code », 2012), qu'il défendit en live durant deux ans et qui lui permit de conquérir tout un tas de fans metalleux dont la musique électronique n'est habituellement pas la tasse de thé, le voilà de retour avec son second (oct)opus... qui ne ressemble pas vraiment au précédent.
Stupeur et étonnement chez les fans, vous savez, le classique coup du "où sont les guitares ¿?!" qui arrive fatalement dès qu'un artiste veut aller un peu plus loin de ce qu'il fait d'habitude. Généralement, le résultat est un album mollasson et dont les arrangements inhabituels masquent l'absence totale d'inspiration. Heureusement, c'est n'est pas absolument pas le cas ici. Et probablement parce que The Algorithm, c'est de la musique électronique AVANT d'être du métal moderno-progressivo-djentique. Eh oui.
« Octopus4 », donc, est beaucoup plus sombre et cohérent que son prédécesseur. Les pistes se suivent et ne se ressemblent pas, la tracklist est incroyablement variée et la première écoute sera fatalement un peu déboussolante (ce qui n'était pas le cas avec « Polymorphic Code » dont le style était très proche d'une piste à l'autre, pour ne pas dire redondant - pour notre plus grand plaisir cependant).
D'une intro ("Autorun") progressive et aussi hypnotique qu'un Philip Glass, on passe à un étonnant morceau ("Discovery") électro-funk quand même ponctué par quelques viriles guitares, pour finalement faire une petite incursion au pays des pixels et des sprites dans le très très vidéoludique "_MOS" et continuer sur le totalement déconstruit et sautillant "Will Smith". Au très sombre et profond "Pythagoras" et son côté un peu House-sous-acides s'enchaîne "Synthesiz3r" qui, par sa construction très "singleïstique" assurera un bon premier contact avec l'album. Suit "Damage Points" et ses relents Drum'n'Bass, puis le bien-nommé et éthéré "Void". Et là commence la phase finale de l'album ! Le fichtrement réussi "Loading" (qui est à mon goût la piste qui renoue le plus avec le style de l'album précédent) débouche sur "Un Dernier Combat" (en français dans le texte) qui... rah nan je veux pas vous spoiler. C'était quitte ou double, c'est très surprenant à la première écoute, vous verrez ; mais ça passe étrangement bien, surtout dans le cadre d'une écoute complète de l'album. "Recovery Fail" nous renseigne sur ce à quoi ressemblera l'album que The Prodigy sortira dans 20 ans (j'exagère à peine), puis tout s'achève avec la longue et épique piste éponyme, "Octopus4". Véritable festival chaotique de sons divers et variés, elle progresse et étend ses tentacules autour des oreilles du malheureux et déboussolé auditeur pour s'achever sur un générique de fin euh... surprenant.
Bref, à la première écoute, impossible de savoir si c'est du lard ou du blipblip, cet album. Eh bien, c'est probablement un peu des deux, une sorte de trip électronique totalement barré, à la fois sombre et bavard, hystérique et méditatif, accessible mais cryptique, et surtout pas du tout formaté à une quelconque sauce, à part celle de la créativité.
Bref, un album surprenant, mais absolument pas mauvais. Au fur et à-mesure des écoutes, il deviendra probablement un excellent album. Octo-sur-dix ! :D
À écouter avant d'acheter :
Discovery, _MOS, Synthesiz3r
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.