McPhee - Rempis - Reid - Lopez - Nilssen-Love – Of Things Beyond Thule Vol. 2 (2020)
Ça s’est passé en décembre 2018 au « Hungry Brain » et c’est sorti en mai vingt-vingt. Que des pointures, Joe McPhee au sax ténor et trompette de poche, Dave Rempis aux saxs alto, ténor et baryton, Tomeka Reid au violoncelle, Brandon Lopez à la basse et Paal Nilssen-Love à la batterie.
Ça s’appelle « Of Things Beyond Thule Vol. 2 », il y a bien eu un vol.1 en vinyle avec des extraits du même concert sorti un peu plus tôt dans la même période, mais je ne l’ai pas encore écouté. Le vol.2 est en Cd, il frôle l’heure et le prix est raisonnable. Ce qui compte dans le titre c’est le dernier mot : « Thulé », là où vivent les Inughuit. C’est très haut sur la carte, il faut chercher dans le nord du Groenland, sous souveraineté danoise, semble-t-il.
Du froid comme thème donc, de l’éloignement, de la séparation et de la solitude. Tout ce que n’est pas ce groupe fait d’amitié et d’amis d’ami. C’est comme ça qu’ils se sont formés, comme on dit parfois : « les amis de mes amis sont devenus mes amis », et c’est ainsi que tout se déroula. Je vous épargne l’ordre des rencontres et l’historique des compagnonnages, après tout, seuls les fruits de ces rencontres sont importants.
Les vieux et les jeunes qui sont là démarrent l’affaire avec beaucoup de calme et de tranquillité, on s’écoute, on se parle, on échange avec respect, on dégrossit les formes, creuse avec des arrondis, ponce et caresse, c’est doux au toucher. Petit à petit l’œuvre se bâtit ainsi, en touches délicates et appropriées, on improvise en cherchant la grâce et la beauté, la bonne courbure qui sied à la voute étoilée. Plein de grâce partout sur « Osel » et « Kaali », de la beauté en grappe, en fût et en bouteille.
Avec « Smola » le temps d’une dizaine de minutes, tout change et s’échauffe, sous l’impulsion de Paal Nielsen-Love qui frappe ses tambours et réveille la maisonnée, conquérant. Un explosion d’excellente tenue organisée par les grands maîtres qui, ici, fusionnent.
Avec « Hekla » retour au calme, à la sérénité, à l’étirement des sons, sous-couches et couches se superposent, s’étalent et se couvrent, puis se recouvrent encore et encore chacun y met sa note, son timbre, sa couleur, jusqu’au bout du souffle, quand il s’éteint, après avoir perdu toute épaisseur, puis revient, et les cliquetis des baguettes sur la matière, qui ponctuent et encore et encore…
Un bien beau disque qui passe tellement vite !