Oh Mu est une raison supplémentaire de prêter davantage d’attention aux premières parties en concert. Je vous l’accorde volontiers, aller voir jouer une première partie, c’est un peu comme découvrir un jouet de kinder surprise : 9 fois sur 10 on est déçu et on se dit qu’heureusement on ne paye pas exclusivement pour ça. Ces expériences sont d’ailleurs à l’origine des applaudissements les plus faux et les plus hypocrites que j’ai pu émettre, ainsi que de nombreux moments de gêne extrême comptant parmi les plus pénibles de mon existence (Combien de fois ai-je souhaité la fin prématurée d’un set par respect pour le bien commun auditif de la salle…).
Cependant, il arrive parfois de faire quelques bonnes découvertes, et de tomber sur la voiture de course rouge qu’on voulait plus que tout au monde. Ma voiture de course rouge répond ici au nom d’Oh Mu, chanteuse productrice indépendante découverte lors d’un concert de Bagarre à la Cigale. On remarquera d’ailleurs quelques similarités vocales et textuelles entre celle-ci et Emma, unique membre féminin de Bagarre. Frappé par la qualité de ses productions et sa timidité scénique, j’avais alors décidé de garder une oreille attentive sur son prochain projet, concrétisé dernièrement par la sortie de son EP éponyme. Grand bien m’en a pris.
Comportant 5 pistes, ce disque montre toute l’aisance de la jeune parisienne à manier le sampling pour créer des boucles electro pop dévastatrices. A la manière de Stupéflip dans Stupéflip vite, l’EP s’ouvre par un sample de violon issu de la musique classique (ma maigre culture du genre me faisant ici défaut pour en nommer la provenance exacte), compressé et accéléré à l’extrême pour un rendu fracassant et hyper dynamique. Bien que l’esprit DIY se ressente dans d’autres aspects de la production, la créativité et l’efficacité d’Oh Mu sur l’ensemble de ces 5 morceaux forcent le respect. Le dernier morceau instrumental Stella illustre notamment tout le talent de la productrice dans la superposition de sons et d’ambiances hétéroclites. Et que dire de Sage, véritable banger en puissance qui réussit le pari loufoque de réunir electro pop et yodel dans un même morceau… Une claque.
Si la voix de la chanteuse s’incorpore plutôt bien dans ses assemblages sonores, elle tombe parfois dans la facilité dans ses textes. D’habitude peu exigeant sur cet aspect musical car y étant moi-même peu réceptif, il m’est arrivé de lever les yeux au ciel et soupirer, voire gémir, à l’écoute de certains passages de Jeunes Oubiés, semblant tout droit sortis du journal intime d’une adolescente boutonneuse qui viendrait de se faire larguer par Dylan pour Samantha. Ou d’une chanson de Damien Saez, au choix.
Mais c’est bien le seul reproche que je pourrai faire à cet EP dans l'ensemble très solide, qui m’a impressionné par sa production d’ensemble malgré le peu de moyens mis à sa disposition, et qui laisse augurer le meilleur pour, espérons-le, un futur premier album, et une future tournée. Et soyez-en sûr, je serai alors au premier rang pour sa première partie.
- En quelques mots : Tomber sur une voiture de course rouge dans un
Kinder surprise
- Coups de cœur : La nuit en matin, Sage, Stella
- Coups de mou : Jeunes oubliés
- Coups de pute : RAS
- Note finale : 8-