y avait un truc quand même
Quand on écoute le mythique album de madness et que l'on veut faire fi de leur tube interplanétaire (faudra que l'on m’explique ce qu'interplanétaire veut dire lol) cet album ait en 1979 est...
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le 15 août 2019
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Ça chauffait pas mal sur Londres en l'an de grâce 1979.
La capitale des Rosbeefs était à feu et à sang.
Les émeutes raciales explosent à Brixton, capitale de la Jamaïque en plein coeur de Londres et coupe-gorge à ciel ouvert. Une cocotte-minute sous pression sifflant la révolution et la vengeance, crachant un Reggae vindicatif, un Ska prêt à en découdre contre les nombreuses violences policières devenues récurrentes.
C'est le moment que Jerry Dammers ( Membre fondateur des Specials) choisit pour lancer sa maison de prod': La nerveuse 2 Tone Records.
La Second Wave Ska déboule et tente de remettre les choses à plat.
The Specials, The Selecter, The Beat, Bad Manners ou The Bodysnatchers balancent leur contre-temps guitares / Claviers, qui sous des airs festifs et rigolards, rentrent comme il faut dans la couenne d'acier de la rigide Dame de Fer: L'ultra-Libérale Margaret Thatcher.
Le damier noir et blanc devient le signe de la révolte, de la fraternité raciale et d'un mouvement: Le Ska, qui va exploser dans la toute fin des seventies au Royaume-Uni.
L'accointance avec le Punk est réelle et créative ( The Specials feront la première partie du Clash en 1979, tandis que la bande à Strummer s'inspireront et imprégneront quelques titres de la "coolitude" énervée du Jamaïcan Style, avec notamment la "Reaggissime": Guns Of Brixton ) mais l'esthétique va changer.
La Second Wave va ressortir l'attirail du Rude Boy et du Skinhead ,(anciennement Mod) qui ne sont pas encore les brutes néo-nazis que l'on connait, ( Que les vrais "Skins" surnommeront les "Boneheads" et dont la symbolique des "badges" qu'ils arboreront sur leur bombers: SHARP, red ou nazi permettront de définir plus clairement) et qui cohabitent alors sans problèmes avec l'immigré Jamaïcain Rude Boy.
C'est dans cette atmosphère électrique, dans ces rues chauffées à blanc où pavés et panneaux de signalisation volent et viennent s'écraser sur la tronche de Bobbys étonnés, au son d'un Ska survitaminé, que le premier album des Madness naquit.
Actifs depuis 1976 sous différents noms ( "The Invaders" notamment), c'est avec l'arrivée du chanteur Graham McPherson dit Suggs que la formation prend le nom de Madness en hommage à la chanson "Madness (is gladness)" de Prince Buster précurseur de la musique Ska dans les années 60.
Madness débarque comme un cheveu sur la soupe dans le monde du Mod-Ska.
Tandis que The Specials, The Beat ou The Selecter éructent contre la violence policière et s'engagent politiquement contre la vieille Thatcher, Madness balance un Ska jovial, festif, épuré de revendications politiques ou sociales.
Mais si les textes ne mordent pas le cul de la bonne société comme ceux de leurs coreligionnaires, Madness a pour lui l'énergie de l'insouciance, de l'immaturité alcoolisée, le don inné de faire bouger les culs du monde entier sur leur Nutty Sound si particulier.
Depuis 76, Madness joue, joue et rejoue encore.
De salles de répet' miteuses en bribes de concert au fond de pubs hostiles, la main se fait, le son également, l'anarchique énergie se focalise et parvient à se maîtriser.
Les prolos rigolards et je-m'en-foutistes, malgré les regards réprobateurs des collègues surpolitisés, cartonnent avec leur sautillant One Step Beyond…
Les morceaux (dont quelques reprises: One Step Beyond, Swan Lake ...) sont gavés d'adrénaline et explosent de l'album.
Le sax' de Lee Thompson crache le feu Ska et vient poser ses stridences cuivrées sur les contre-temps nerveux et saccadés de cette troupe en noir et blanc.
Le Ska transpire par tous les pores du skeud, et pourtant ce n'est pas la seule chose qui fait le succès du disque.
Derrière le sax hurlant, les claviers sonnants et la rythmique endiablée, c'est la mélodie que l'oreille attrape.
Une mélodie Pop qui fait que le morceau tourne en boucle dans les esprits, que le balancement syncopé de la ritournelle devient entêtante et ne nous lâche plus.
Mais la meute Madness n'est pas que cette fanfare bicolore et foutraque, fabricants de décibels à la pelle, dangereux accélérateurs de rythme cardiaque et partenaire idéal des soirées alcoolisées.
Des morceaux comme Night Boat to Cairo démontrent une construction musicale plus alambiquée où Ska et ambiance moyen-orientale façon carton pâte viennent s'imbriquer et donnent une chanson festive et étonnante. My Girl quant à elle, offre à l'album une touche de mélancolie, une douceur Pop pleine de Spleen qui rend le disque encore plus attachant.
Malgré les réticences, malgré l'image de joyeux drilles insouciants et imbibés, malgré un parcours tortueux et chaotique, Malgré tout ça, Madness est encore là presque 40 ans après ce premier album mémorable.
Tous ou presque se sont perdus, tous sont partis avec les restes de la politique Thatchérienne dans les méandres de l'Histoire.
Il ne reste dans l'air que le souvenir d'une Angleterre noire et blanche, de quelques chemises cintrées, et le son aigu d'un saxophone rutilant.
... Et toujours Madness
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Créée
le 14 oct. 2015
Critique lue 888 fois
44 j'aime
21 commentaires
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