« Cactus porte bien son nom : l'extérieur est piquant, mais à l'intérieur c'est que de la flotte. » Voilà le lapidaire jugement que j'aurais pu être tenté de porter sur le groupe, n'eût été le fait que leur premier disque se défendait vraiment très bien dans la catégorie « réponse américaine à Led Zeppelin », avec une première face quasiment parfaite. Alors, que s'est-il passé entre 1970 et 1971 pour expliquer la débâcle de ce One Way… Or Another ?
J'ai l'impression que ce sont simplement des défauts déjà présents sur le premier opus qui apparaissent exacerbés ici. Pour commencer, personne dans le quatuor n'est vraiment un grand compositeur, et dans un genre aussi codifié que le blues rock, où il est très facile de se dire « putain mais tout ça sonne exactement pareil en fait », ça ne pardonne pas. Autre point faible, le groupe semble avoir perdu toute énergie et se complaire dans un lent ronron en pilote automatique qui n'a rien de bien enthousiasmant. Il suffit de comparer la reprise furieuse de "Parchman Farm" qui ouvrait le premier opus de Cactus avec la mollassonne "Long Tall Sally" qui joue le même rôle ici.
En fin de compte, on ressort de ces quarante minutes avec la fâcheuse impression de n'avoir entendu qu'un long magma informe, certes excellemment joué (les musiciens ne sont pas des manches, on le sait bien vu leurs curricula respectifs), mais qui ne laisse aucune impression durable. Ne surnagent que quelques passages, comme les solos de Jim McCarty sur "Rock 'n' Roll Children" et la chanson-titre, ou bien le très bel instrumental acoustique "Song For Aries".