Kahil El'Zabar's Ritual Trio Featuring Pharoah Sanders – Ooh Live! (2008)
Seconde rencontre enregistrée entre le trio de Kahil El’Zabar et Pharoah Sanders, c’est en concert et la rencontre s’est déroulée en octobre deux mille à Chicago, à la « Hot House » qui n’existe plus désormais. Le Ritual est au complet, Kahil, Malachi Favors que l’on entend à son meilleur ici et Ari Brown qui ne cesse de surprendre tant il se démultiplie avec talent et bonheur.
Le premier des quatre titres se joue avec le trio au complet, mais sans invité, « Autumn Leaves », ces « Feuilles Mortes » de Kosma qui traversent les océans et le monde, trouvent ici une sublime interprétation avec Ari Brown au piano qui dévoile l’étendue de ses talents, lui qui est connu d’abord pour son jeu au saxophone est brillantissime au clavier, sans doute est-ce la durée, avoir le temps de prendre son temps, de s’étendre et de s’étaler, ce qui est sûr c’est que cette version de près de dix-neuf minutes est vraiment magnifique ! L'album commence très fort !
Sur la seconde pièce l’invité de marque, Pharoah Sanders au sax ténor, intervient sur une belle pièce de Kahil El’Zabar, « In The Lanf Of Ooh ! », et là c’est plus particulièrement Malachi Favors à la basse qui le pousse dans ses retranchements, et voici le vieux Pharoah qui est bousculé dans les cordes, poussé à joué free pour notre plus grand plaisir, le pièce est fantastique, nourrie d’une énergie débordante et féroce, chacun prend sa place dans cette montée en tension qui tient sur le premier quart d’heure de la pièce, et Pharoah s’y montre tout simplement exceptionnel !
Ensuite Ari Brown prend un solo au piano, poussé par le bouillonnant contrebassiste qui ne lâche pas un pouce de terrain, la pièce se charge encore en électron tandis qu’Ari Brown se prend pour Cecil Taylor et que Kahil, à l’arrière frappe les cymbales comme le faisait Sunny Murray autrefois, avant que Pharoah ne revienne pour conclure brièvement la pièce. Vingt-cinq minutes sont passées et ça brûle dans la Hot House !
La troisième pièce est un traditionnel « This Little Light Of Mine » jouée en trio, on entend le thème de « Sometimes I Feel Like a Motherless Child » en introduction, c’est très beau, un chouette quart d’heure qui passe, mais où est Pharoah ?
Il revient sur la dernière pièce, « Ka’s Blues » signée par Kahil comme le suggère le titre, un boogie endiablé que Pharoah anime du sax et de la voix, le titre évolue sur une grille populaire, Pharoah s’y accroche et balance le boogie : « I’ve Got The Blue ! » chante-t-il en hélant le public, ainsi se termine ce chouette concert où on aurait aimé se glisser, attention cependant la dernière pièce ne dure pas sept minutes comme indiqué sur la pochette, mais dix-sept minutes, le temps de bien faire chauffer l’ambiance avant de se préparer pour la sortie…
L’usage est de sacrer « Africa N'da Blues » comme le représentant le plus notable de la rencontre Pharoah/Kahil, pour ma part, mais ce n’est qu’une lubie personnelle, je place celui-ci au-dessus, particulièrement pour l’ambiance chaleureuse et la gestion du temps lors de ce concert, même s’il est vrai que j’aurais aimé que Pharoah joue un peu plus, tout de même...