Ben LaMar Gay – Open Arms To Open Us (2021)
Drôle de destin cet album qui vient d’arriver at home avec trois mois de retard. Il faut dire qu’International Anthem a dû se séparer de son distributeur allemand pour l’Europe et en choisir un autre plus performant en Autriche. Il est vrai que les albums arrivent, bien qu’il m’en manque encore un qui, sans mal, battra ce record banal de trois petits mois de retard, après une précommande qui se situe déjà à huit mois.
Mais cet album est beau, d’une immense richesse et d’une très grande variété, à tel point que regrouper le tout en quarante-cinq minutes semble presque impossible, mais pas pour Ben LaMar Gay. Un album avec des signes, comme le titre « Open Arms To Open Us » et cet insert avec un texte de LaMar peu banal, « l'improvisation est la seule liberté à laquelle nous avons tous accès », ou bien encore « Les choses n'ont jamais été bien, du moins dans cette brève période de la planète où l'homme vend et tue pour la propriété de la terre ».
Ça c’est juste un aperçu, mais surtout ce qui étonne c’est que l’album donne beaucoup à manger, il ne se digère pas d’un coup, il faut s’en imprégner, rien que pour en apprécier la densité, le poids, il semble construit de mille détails qui s’emboîtent et s’articulent, il y a même des chansons, par exemple « Lean Back. Try Igbo », un air autour de l’alphabet Igbo dont la langue se parle au sud-est du Nigéria.
Les références sont multiples, parfois étonnantes comme on vient de voir, il y en a une autre inspirée par les chants funéraires de la Nouvelle-Orléans, mais on retrouve au fil des seize pièces des petits univers qui s’emboîtent, parfois on peut songer au krautrock, ou à la samba, aux rythmes des tambours et des percus qui tissent des structures mouvantes, l’inspiration est souvent tribale, « Nyuzura » me plaît énormément.
Les invités sont extrêmement nombreux et pour la plupart m’étaient inconnus, je n’ai relevé que le nom d’Angel Bat Dawid et celui de Tomeka Reid qui évoquaient quelques souvenirs. Bien sûr il y a toute cette électro qui draine tout ça en un savant mélange, pas facile à analyser ce truc tellement ça bouillonne de partout, en tout cas je vous engage à écouter…
Une belle réussite de la part d’International Anthem.