A la sortie de Let It Die en 2004, Feist entame une tournée-marathon où chaque chanson est radicalement relookée. Et puis il y a les remixes designés par VV (Renaud Letang et Gonzales). C'est ce double jeu entre songwriting old-school et transformisme sonore qui excite l'omnipotent Gonzales au talent surdimensionné. Pour la Canadienne, l'intérêt du remix est de "déshabiller, rhabiller et réadresser un morceau". Les chansons de Feist méritent de la haute couture. Or la magie du single Mushaboom, présent ici en quatre coloris (dont une version electronica à contretemps mais très seyante signée Postal Service) finit par se dissiper. Et le morceau, dépenaillé ou dépareillé, se statufie. Par contre, les collaborations révèlent une Feist tout-terrain et mettent en écrin un timbre soul qui ne manque pas de corps, une voix étourdissante, charmeuse et acrobatique, évoquant celle de Sarah Vaughan. Le duo avec Gonzales, sur Lovertits, rappelle l'avant-Let It Die, la période "bitch", avant que Feist ne se change en fée et ne se mette à écrire pour Jane Birkin (The Simple Story). Pour son prochain album, Feist promet un emballage différent. Prenons donc Open Season pour un apéro plutôt costaud.(Inrocks)
Depuis l'avènement triomphal de la Canadienne en mars 2004, il ne se passe plus un mois, sinon une semaine, sans qu'on replonge dans les splendeurs de Let It Die, le festin nu après lequel Cat Power court désespérément. Dénichant depuis le moindre inédit, featuring, cover ou remix, on s'étonne à peine des quinze titres rassemblés sur Open Season, compilation censée faire patienter le chaland qui pourtant s'impatiente, en entendant parfois des énormités souvent guidées par la jalousie, sinon la surdité, de la gent féminine sur le cas Leslie Feist, ci-devant chanteuse de la présente décennie. Ainsi, l'extraordinaire version acoustique de Inside And Out, enregistrée à la BBC, justifie à elle seule l'acquisition de ce disque dont on peut s'étonner de l'absence criante de telle reprise (la version sublimée du Lover's Spit de Broken Social Scene) ou telle invitation vocale (quid des chansons enregistrées avec Kings Of Convenience ?). Si d'aucuns remixeurs (Kaos, Do Right) se transforment en cochons à qui l'on offre de la confiture, d'autres s'en sortent avec les honneurs, qui métamorphosant One Evening en instrumental (Gonzales lui-même), qui transformant Mushaboom en miniature electronica (The Postal Service), qui offrant une relecture languissante de Gatekeeper (One Room One Hour). Bien sûr, VV, le tandem composé de Renaud Letang et de Gonzales qui a présidé à la direction artistique de Let It Die, connaît les ficelles de chaque titre pour s'en amuser in fine. D'ailleurs, la production du deuxième album de Feist s'annonce déjà comme une gageure. (Magic)