Irreversible Entanglements - Open the Gates (2021)
Voici le troisième album physique de la formation « Irreversible Entanglements », toujours sur International Anthem, mais cette fois-ci nous avons droit à un double album, « Open The Gates ». Sorti au mois de novembre, il arrive tranquillement dans nos contrées.
Les musiciens sont tous fidèles à la formation, Camae Ayewa également connue sous le nom de Moor Mother chante, récite et joue du synthé, Keir Neuringer joue du saxophone, du synthé et des percussions, Aquiles Navarro joue de la trompette et du synthe également, Luke Stewart est à la basse et Tcheser Holmes assis derrière sa batterie. Le groupe a enregistré l’album sur ses terres à Philadelphie.
Les faces s’étalent sur une durée située entre quinze et vingt et une minutes environ, comme à l’habitude bonne définition sonore et qualité de pochette de bon niveau. Par contre je ne comprends pas très bien leur système de distribution, certains proviennent des USA et d’autres d’Autriche semble-t-il, ces derniers sont moins bien emballés et moins soignés (insert plié, carton d’emballage trop petit pour la pochette plastique protectrice qui se froisse).
Côté musique c’est un pur régal, du spoken word soutenu par une musique lancinante, l’impression de rencontrer les enfants de l’Art Ensemble Of Chicago du début des années soixante-dix, pour ceux qui voient. C’est très rythmé, très groovy, des vents qui strient l’espace ou se déploient déchirés, quelques envolées free, du pur bonheur quand les chevaux sont lâchés.
Pourtant l’album semble de ce côté plus sage que les précédents, ainsi la rythmique demeure relativement posée, bien qu’elle ait ses moments également. C’est sans doute l’effet de la durée qu'autorise le concept du « temps long » plutôt que celui de l’explosion qui irradiait les précédents. Ainsi, l’album garde un pouvoir d’attractivité supérieur en s’élargissant à plus de monde, n’effrayant pas les plus téméraires.
L’improvisation est toujours présente mais elle prend toute sa mesure sur « Water méditation », la pièce fleuve qui s’étale sur plus de vingt minutes, signée collégialement par tous les musiciens du groupe. On pourrait entendre cette musique lors d’un live, chacun écoute et apporte son idée, son développement, les synthés sont à la fête, et les souffleurs, lorsqu’ils interviennent, se stimulent l’un l’autre, en un duo énergisant.
Un album jazz qui devrait le groupe à rencontrer un public plus nombreux encore.