Operation Doomsday, ou la revanche du masque de fer.

Operation Doomsday, c'est avant tout la revanche de Daniel Dumile sur l'industrie musicale.
En effet , à la sortie de l'album, celui qui se fait désormais appeler MF Doom (en référence au personnage de comics Doctor Doom ) n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il composait avec son frère le groupe KMD , qui jouissait d'une petite notoriété dans le rap de l'époque. Mais en 1993, peu de temps avant la sortie de leur nouvel album , ce dernier trouve la mort et leur label Elektra Records refuse de poursuivre l'aventure, laissant Daniel Dumile seul avec sa dépression.

C'est donc en 1999, sorti des problèmes de drogue et auréolé d'une solide réputation dans le milieu du rap underground new yorkais que MF Doom signe son retour, proposant un album maison, enregistré avec les moyens du bord et dont la pochette, détournement du fameux Doctor Doom micro en main, annonce un contenu plus qu'inquiétant où on imagine le célèbre méchant des comics marteler une MPC plutôt que de s'en prendre à de pauvres innocents.

L'album s'ouvre sur une introduction où on peut entendre le générique du dessin animé des Quatres Fantastiques de 1960, entrecoupé par différents samples tous plus oppressant les uns que les autres et qui sont caractéristiques de l'ambiance globale du disque qui oscille entre références aux anciens cartoons comme Scoubidou ( sur le titre Hey ! ) et au parcours personnel du rappeur.

Avec un goût prononcé pour les fausses fins suivies d'une partie instrumentale et des beats totalement déstructurés, notamment sur le titre Tick Tick qui sonne comme le plus ambitieux de l'album, MF Doom crée la surprise et se positionne toujours où l'auditeur ne l'attend pas, le tout dans une étrange cohérence, qui chancelle entre des prods légères (Doomsday  ou Rhymes Like Dimes) et d'autres qui frisent presque l'indigestion ( The Finest ou The Mic ) , le tout accompagné d'interludes cartoonesques où résonne la voix du méchant au masque de fer assoiffé de vengeance.

Cinq ans plus tard et après diverses collaborations très réussies , MF Doom tente de réitérer l'exploit avec l'album MM Food , techniquement plus abouti mais qui, forcé de le reconnaître, n'est qu'une déclinaison de son prédécesseur.

L'univers proposé dans cet album est donc parfaitement en adéquation avec le parcours personnel du rappeur, qui signe probablement ici le plus gros classique de la scène rap indépendante.