Jusqu'alors inconnu en 2009, Robert Lioy aka Access To Arasaka secoue un peu le monde de l'électronique dite "IDM" avec son premier LP: Oppidan.
Il n'en est pourtant pas à ses premiers pas. Après avoir produit quelques remixs, des EP non-signés très intéressants comme Cassiopeia (2007), il signe avec le label illphabetik et sort un minialbum digital, puis un EP séduisant :Port (2008).
Repéré par Tympanik Audio, il apparaît sur deux compilations de ce label orienté sur des productions IDM aventureuses et originales. S'ensuit la signature avec le-dit label, et la venue de ce fameux LP.
Access To Arasaka arbore un style unique à mes yeux, kicks décharnés, snares compressés, vocals retouchés et robotisés au paroxysme. Cet album est une illustration sonore d’un monde vide, mort, de désespoir. Ni plus ni moins. Dit comme cela ça n’a pas l’air joyeux. Ça tombe bien parce que ça ne l’est pas, cependant c’est un album fascinant, captivant, même si j'ai tendance à penser que cela requiert un certain état d’esprit pour appréhender et apprécier tout ça.
Si j'ai mis des guillemets à "IDM" dans l'introduction, c'est parce que ce n'est pas de l'IDM à proprement parler mais il est plus simple d'étiqueter sa musique ainsi. En effet dans cet album il passe de titres typés IDM, à de l’ambient, voire des beats concassés à l’esthétique breakcore. Le tout étant adroitement lié par des nappes sonores, synthés ambient tantôt légers tantôt plus abrasifs.
Adroitement n’est d’ailleurs pas assez fort pour qualifier sa musique, chirurgical serait plus adapté. Tout est hyper travaillé et réfléchi, les kicks et percussions subissent un traitement d’effets conséquent, sans oublier tous les divers samples aux sonorités purement électroniques, bugs grésillants et autres vocals saturés. D’ailleurs pour continuer sur les effets, on peut dire que le garçon met l’accent sur le reverb et autre delay. Cela donne une certaine « dimension » à l’album, prenant majoritairement part à cette volonté de créer cet univers immensément vide, où la musique résonne, nous donnant cette impression de grandeur, on s’y sent incroyablement seul. Je vais arrêter d’insister sur la notion de néant, je n’ai pas envie que l’on pense qu’il n’y a rien à écouter dans cet album, hm. D’ailleurs les synthés et autres basslines sont vraiment bien texturés avec une utilisation intéressante du LFO ? Je crois ouais.
Par ailleurs il s’est adjoint sur deux titres de deux voix (réelles cette fois...enfin presque) : Beau Jestice et ESA, ma préférence allant au premier des deux. Bizarrement (je ne suis pas tellement fan des featurings vocals) ces deux-là s’intègrent à l’album avec aisance, merci la robotisation.
Remarquez que je n’ai cité aucun titre en particulier, n’ai fait aucun focus. A mon sens, Oppidan est un album à écouter tel quel, en entier. Vraiment. C’est un tout, on ne l’apprécie vraiment qu’ainsi. Maintenant, je pourrais vous donner mes passages favoris de l’album, si vous insistez … Sylvan-Hesh en tête, puis Medway, Jody, Caeropore … Bref je vais m’arrêter là, la tracklist apparaît déjà sur la fiche de l’album.
Pour conclure, la seule chose que l'on peut reprocher à Access To Arasaka, objectivement, est aussi à mon sens une qualité. Celle de s'enfermer dans son monde, et d'y aller toujours plus loin d’ailleurs. À ce jour, après la sortie de son single « Fragments Of A Hologram Rose » fin 2012, son style n’a pas changé d’un iota, cependant il a très sûrement évolué. Il a créé un univers, une musique très personnelle, son style est unique et ne se retrouve pas même sur son label principal : Tympanik. Access To Arasaka est un geek, et il fait de la musique pour geeks. Et cela se voit au premier coup d’œil : les titres faisant référence au milieu de l’informatique, ou de l’espace. Par ailleurs son pseudo provient d’un jeu vidéo. Bref. Et concernant ses influences, il a confié être fan de Gridlock, plus particulièrement l’album Formless. Pour ceux qui doutent encore, on tient là un certain gage de qualité du type.
Bref, Access To Arasaka fait de la musique tel qu'il la conçoit et non pour plaire, on aime, ou pas. Pour ma part après plus de 3000 écoutes de l'artiste, vous imaginez bien que je ne me lasse toujours pas d'explorer son monde.
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Créée
le 9 mars 2013
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