Opus Dei est, sans conteste, un très bon album de Laibach.
L'intérêt de ce disque est multiple. Il est musical tout d'abord. En effet, l'album comporte des titres diversifiés et de qualité. On trouve ainsi des reprises de standards internationaux, qui, bien que décalées, sont de franches réussites. Par exemple, Leben Heibt Leben et Opus Dei sont des adaptations d'un tube du groupe Opus (Life is life), totalement revisité sous la forme d'hymnes patriotiques. Geburt Einer Nation est une version réarrangée du célèbre One vision de Queen, tandis que How The West Was Won emprunte une partie de sa mélodie à Princes Of The Universe du même groupe. A côté de ces titres, on trouve également l'excellent et surpuissant Trans-national, qui pourrait presque être qualifié de version industrielle du mythique Trans-Europe Express de Kraftwerk. Enfin, les 5 derniers titres d'Opus Dei sont de mon point de vue le sommet de l'album. Si The Great Seal est encore assimilable à un hymne martial, à partir de Herz-Felde, l'auditeur bascule dans une autre dimension. Les derniers morceaux sont en effet beaucoup plus "ambient" et expérimentaux, entrecoupés pour certains d'entre eux par des samples vocaux surprenants.
Par ailleurs, l'autre intérêt de ce disque réside dans le message qui sous-tend ce dernier. Si, au premier abord, la musique de Laibach revêt un aspect "totalitaire" qui peut susciter de sérieuses interrogations quand à l'idéologie des musiciens, le fond est, en réalité, beaucoup plus complexe. Il est à mon avis très difficile de ne pas voir le côté parodique et pince-sans-rire du groupe. Les clips ridicules d'Opus Dei et de Geburt Einer Nation sont de ce point de vue particulièrement révélateurs. Les interviews des slovènes, en particulier celle diffusée dans la fameuse émission de Michel Denisot où a été conviée la Mano Negra, vont également dans ce sens.
Pour conclure, Opus Dei est une réussite indéniable, à la fois d'un point de vue formel, mélodique mais également conceptuel.