Don Cherry – Orient (1973)
Un album sorti au Japon sur le label Byg Records, très difficile à se procurer, pour ma part j’ai dû me rabattre sur le double LP Affinity de quatre-vingt-deux, en version anglaise, pour enfin l’écouter, depuis deux versions Cd sont parues, en quatre-vingt-dix et deux mille deux. L’album est assez fameux, la difficulté à le trouver sans doute, mais également les interprétations en live, avec un personnel de haut vol.
Deux concerts, l’un à Carpentras en août soixante-douze, et l’autre à Paris en avril soixante et onze. Le personnel est également changeant, Don, lui est toujours là, il joue de sa célèbre trompette de poche, de la flûte, du piano et il chante. A Carpentras il est accompagné par Han Bennink à la batterie, aux percussions, à l’accordéon et au chant. A Paris c’est Johnny Dyani qui tient la contrebasse et chante, et Okay Temiz (noté Tamiz sur la pochette) joue de la batterie et des percussions.
Il existe un film assez court, mais assez culte également, où l’on voit des extraits du concert de Paris avec les trois sur scène, c’est assez émouvant, j’ai trouvé. Chaque face est porteuse d’un titre, la face A ouvre avec « Orient part 1 &2 » qui donne son titre à l’album, un beau thème qui se déploie bien, avec un magnifique Han Bennink qui est brillantissime aux tambours et percussions, Mocqui Cherry, la compagne de Don, que l’on appelle habituellement simplement Moki, joue du tamboura, c’est propice à illustrer l’atmosphère de la pièce.
La seconde pièce « SI TA RA MA » est également passionnante, ceux qui l’ont vu en concert connaissent la façon de faire du leader qui joue des instruments alternativement, avec des espaces dédiés aux autres solistes également. Les thèmes sont souvent « aux petits oignons », souvent des pépites, ensuite c’est l’inspiration du moment qui préside, beaucoup d’improvisations et de sérénité.
La formation bénéficie partout où elle se produit d’une belle écoute de la part du public, souvent concentré et happé par les passages où la transe s’insinue avec force, assister à un concert de Don Cherry était une chance. N’oublions pas qu’il était une figure majeure de l’éclosion du free-jazz et, avant l’heure, un des premiers pratiquants de ce qu’on appellera la "world music". J’ai pour ma part eu la chance d’assister à une de ses prestations qui reste un inoubliable souvenir, malgré les substances qui, parfois, tendent à gommer le temps.
La face trois se nomme « Eagle Eye part1 & 2 », il est l’heure de rappeler que son fils était le musicien Eagle Eye Cherry, et que sa fille n’est autre que Neneh Cherry. Ceci mis à part c’est un vrai plaisir d’entendre Johnny Dyani, le SudAf qui a été souvent évoqué ici, Okay Temiz est un fameux batteur turc qui, au sortir de ses tournées avec Don Cherry gravera de très beaux albums également.
Le petit bémol ce sera pour la prise de son qui n’est pas au top niveau, d’un autre côté ça laisse bien transpirer la relation scène/public et là c’est un régal…
Pour moi cet album est hors catégorie, définitivement, mais je ne revendique pas l’impartialité.