"Mais prenez donc votre femme !"
Ceci est une critique coup de coeur, écrite dans la foulée de l'écoute de ce disque prodigieux.
Orphée, c'est un personnage incontournable dans la mythologie de la musique. Ce statut légendaire est encore renforcé par le fait que le premier opéra européen était... L'Orfeo, de Monteverdi.
Mais Offenbach arrive ici avec la ferme intention de bousculer les mythes et légendes.
Ainsi, l'opérette s'ouvre avec une scène de ménage entre Orphée et Eurydice (sur fond d'allusions plutôt osées). Puis, quand Eurydice part joyeusement avec Pluton, Orphée crie sa joie d'être enfin libéré des chaînes conjugales.
On l'aura compris, cette opérette s'éloigne du genre noble pour aboutir au divertissement à la fois coquin et satirique. Avec cette oeuvre, Offenbach devient le Feydeau de l'opéra. Et c'est drôle ! Très drôle. A vrai dire, jamais je n'avais autant ri en écoutant une oeuvre lyrique.
Et les dieux ne sont pas épargnés. Entre ceux qui batifolent et Jupiter qui tente, en vain, de sauvegarder l'honneur de sa fille Diane, les affaires de l'Olympe ressemblent beaucoup à celles des hommes.
Car c'est bien là le propos d'Offenbach : une critique des moeurs bourgeoises.
Le tout se fait avec des mélodies inoubliables et qui ont l'extraordinaire faculté de vous mettre de bonne humeur. Ecouter Offenbach devrait être remboursé par la Sécurité Sociale. Et, chose rarissime, voici une opérette où les dialogues parlés (d'habitude ennuyeux à mourir) sont aussi passionnants et drôles que les airs chantés.
A cela, il faut ajouter toutes les louanges possibles pour cette interprétation, remarquable à tout point de vue.