Bosseur dans l'ombre depuis une petite décennie, Jewel Usain peut profiter pleinement du petit carré de lumière projeté de plus en plus fort sur ce que l'on appellera "le rap de grandes personnes" qui fait des émules ces temps-ci dans l'hexagone (Luidji, Tuerie). Pas là pour les hits ou s'inventer des histoires, on conte/confie - avec un poil d'egotrip de kickeur - son quotidien de trentenaire sous un fond mélodique de qualité. Force est de constater que la sauce prend et c'est parce que le talent est au rendez-vous.
S'inscrivant dans cette veine, le rappeur d'Argenteuil se montre convaincant dans le domaine, très bon techniquement et surtout malin artistiquement, avec une DA homogène, linéaire, axée sur une ambiance jazzy de très bonne facture. Des saxo par-ci, un peu de piano, des chœurs gospel, du petit chant R&B soigné, des éléments qui viennent épaissir le contenu et prennent le relai lorsqu'il est un peu plus léger au micro. On se rend compte dès lors qu'il n'y pas de réel temps faible et que tout coule naturellement, une rareté dans le rap français, surtout sur quasi une heure.
Un projet très vite repérable par sa qualité première mais qui, en plus, gagne en consistance au fil des écoutes. Et se place bien confortablement dans les albums les plus qualitatifs sortis par ici ces dernières années.