"Notre mère la montagne"
Une bribe que notre bon françois Jean Ferrat aurait pu écrire…
Pourtant, ici, il n'est ni question d'activisme, de chansonnette et de répartie politique, mais simplement de la condition de la Nature dans l'archétype de l'Homme par l'intermède d'un Oracle.
Et cet oracle est notre bon vieux Townes. Attention ici on ne parle pas de nature, mais bien de Nature, les grands paysages sautant au visage, les montagnes du Colorado, les cactus du désert Texan et les dusty bowls de l'Utah. Et quel est le rôle de cette dernière dans l'archétype de l'Homme, quelle est sa condition ? A une époque ou l'Homme citadin en proie au mal être, à la rapidité et à une pensée fastueuse, se vide de ce que les grands sages nomment l'âme, et ou la Nature n'est plus qu'un vent faible soufflant dans les estompes du cerveau, Van Zandt, apporte la Vie. Pourtant, a-t-il respecté la Nature ? Parce que le bonhomme s'est bien auto détruit, codéine, héro, Coke, Alcool ( ça descendait une teille de whisky par jour), weed et autres médocs, ont eu raison de lui, de son message, de sa courte vie. Le message de notre compère est très simple, il n'en a probablement pas. Je ne peux en être sûr, ne l'ayant évidemment pas connu, mais sa musique respire le calme et suprême vide. Townes ici nous montre la beauté de la Nature, son rôle, et sa condition dans la pensée de l'Homme, il peut insinuer qu'il faut lui redonner une place importante comme il y a des millénaires, ou l'Homme vivait avec beaucoup moins de richesses matérielles, bien avant les Babylone, et autres exégèses "Atlantidesques". Mais on reste dans l'insinuation d'un message, même une pseudo insinuation, car celle-ci relève d'une interprétation, la mienne. Ce bonhomme est avant tout un être humain, qui ma foi m'avait l'air grandement simple, avec son lot de problèmes, ses femmes, ses addictions et un versant mélancolique et poétique. Il montre, à travers cet album, juste être lassé de la vie, voulant retourner à la source primaire de la Nature, il se complait dans le pêché chrétien, et pense qu'il sera déjà bientôt disparu pour se réincarner au sein de son grand amour, la Montagne. Sa Montagne Sacrée. L'éternel sacrifice du héro pour son but, après son odyssée et ses périples, la libération. Mais le bonhomme a tenu encore 25 années de plus, et nous a pondu d'autres sublimes albums, tous hantés par une vision désabusée, cynique, ironique de la vie, qui pourtant faisait tant envie à notre cher Lonesome Cowboy. Il avouera lui-même être comme transporté lors de l'écriture de ses textes si poétiques, qu'il (apparemment) ne comprenait même pas toujours. Sa prose et ses vers vivront encore longtemps, comme celles et ceux d'un poète classique, et merci à lui d'avoir ramené la figure mythologique du sage stoicien ou socratique dans un univers musical à mille lieux de l'Antiquité, et repensons à lui qui, s'est empoisonné comme Socrate pour un ultime sacrifice. Le Far West a encore bien des beaux horizons se dessinant aux contours d'un soleil lointain.