Cache-cache dans les Parcs
Suite logique de hypernuit, Bertrand Belin affirme son style d'écriture épurée, asséchée, faite de répétitions et d'ellipses, d'élégance et de simplicité apparente.
Plus exigeant dans son approche, cet album confirme que son auteur ne cherche pas à tout prix à accéder au rang de nouvelle coqueluche de la variété française en quête de crédibilité estampillé "auteur" (stop la comparaison avec bashung) mais plutôt à creuser son sillon avec son public, à explorer des territoires à ses côtés.
Musicalement il continue de s'aventurer dans cet art du contrepied et de la surprise, toujours avec un certain humour un peu classe. Les résolutions ne se font pas toujours là où on les attend, mais c'est ce qu'on aime au bout du compte. On se perd un peu et on finit par y découvrir comme dans une boite, cachés, des biens gracieux élans mélodiques et des belles progressions harmoniques (le final instrumental de "allez sans but" !)
Si certains titres sont moins résussi ("sous les pas", un peu plombé), d'autres comme "Peggy" par exemple avec cette très simple suite d'accord qui semble pourtant ne jamais vouloir se résoudre est un des grand moment de l'album, un brin désuet et mélancolique en BO imaginaire d'un Rohmer ou d'un Claude Miller oublié.
On pourra sans doute reprocher à quelques moments le jeu même s'il est globalement formidable de la batteuse, qui abuse légèrement de sa classique frappe lourde et lascive sur un ou deux titre de trop. Mais dans l'ensemble, cet album confirme que Bertrand Belin est maintenant bien là, parmi les grands qui font avancer la chanson française et imprime une bonne fois pour toute sa patte bien à lui.