Si le king Elvis était un blanc chantant comme un noir, Helen Merrill est son alter ego féminin, elle n'est pas la plus connue et pourtant elle a chanté avec les plus grands: Bill Evans, Stan Getz ou encore Charlie Byrd. Parole E Musica fait partie de ses pépites musicales que seuls les chercheurs d'or passionnés et acharnés seront susceptibles d'avoir le bonheur de découvrir. La voix tout d'abord, chaleureuse, sensuelle, posée, incroyablement juste et précise, l'effet en est étourdissant. On ressent presque physiquement les chansons de la belle Helen, comme si elle prenait tout au long de l'album un malin plaisir à venir vous caresser avec ses notes brûlantes, l'effet le plus notable en étant une chaire de poule de plaisir persistante.
Helen Merrill, c'est avant tout du jazz certes, mais elle propose aussi plusieurs digressions parmi les plus chaudes des bossa novas, nous transportant vers les plages d'Amérique latine là où le corps a chaud, la où le corps transpire, là où les amoureux ont soif.
De grands standards sont parsemés de temps à autres, histoire de ne pas perdre en chemin les non initiés qui auraient besoin d'être rassurés, on retrouvera pèle-mêle April In Paris, I've Got You Under My Skin (effet garanti !) ou encore Solitude. Lorsque les titres sont moins connus, la voix d'Helen prend le relais et capture les sentiments et les émotions de l'auditeur. Pour rajouter de la chaleur à la chaleur, chaque chanson est d'abord récitée en Italien, d'une belle voix de séducteur, avant d'être interprétée par Helen Merrill.
Cet album est une véritable révélation pour qui s'y attarde un peu, une invitation à quitter le morne quotidien pour partir là où la vie est plus simple et s'écoule sur des rythmes brésiliens, cubains ou encore portoricains. On imagine de jeunes gens, une plage brûlée par le soleil, des flirts et de langoureux baisers. Le bien-être que procurent cette musique et cette voix est unique et inégalable, cet album est une bulle salvatrice lorsqu'une journée a été comme le sont la plupart de nos journées d'Européens: trop longue !