Abdullah Sami – Peace Of Time (1978) - S/FJMt°
Un album paru à l’origine, en 78, avec un tirage ultra limité de trois cents copies, les originaux s’arrachant à des prix de plus en plus élevés, une réédition a été effectuée en 2019 sur « Spiritmuse Records », un petit label qui édite également des vinyles de Kahil El'Zabar.
Comme souvent dans ce genre de cas il y a au départ des amateurs qui recherchent le musicien et, pour se faire, se transforment en détective privé, le récit de cette quête est toujours épique et fournit une belle histoire qui finit bien, comme c’est le cas ici. Les originaux étaient souvent « travaillés » à la main, un peu comme les premiers albums de Sun Ra sur Saturn.
Spiritmuse, qui a travaillé sans le matériel d’origine, certifie que la version proposée sur la réédition est de meilleure qualité audio que l’édition originale, ce qui me paraît tout à fait possible. Un insert est proposé avec des reproductions de documents d’époque d’un côté et des textes documentés de l’autre.
Abdullah Sami joue du saxo alto et des percussions, il est en compagnie de Germahn Nazario à la guitare, d’Hogan Jiggetts à la basse et de Wade Barnes à la batterie. La rythmique est souvent répétitive, tenace et obsédante, elle suggère, avec l’apport de la guitare, une filiation avec certaines pièces de Pharoah Sanders, notamment sur le titre d’ouverture « Afrikan Samba ».
Il y a deux titres par face, le second de la première face, « Song For My Friends » met particulièrement en valeur le jeu de ce guitariste méconnu qui apporte beaucoup au son de la formation. Mais il faut également parler du leader, Abdullah Sami dont le jeu au saxophone alto, ajouté à celui du trio, lui fait décerner par Philippe Robert sur FJMt° la qualification de « l’un des sommets du free jazz d’essence spirituelle », ce qui est un grand et rare compliment.
La seconde face est essentiellement occupée par « Aretia » une longue pièce de plus de dix-huit minutes, nous sommes à nouveau plongés dans ce groove assez basique et cool sur lequel la guitare de Nazario palpite merveilleusement, rejointe par Sami et son jeu aérien et hypnotique. La dernière et courte pièce est celle qui donne son titre à l’album « Peace Of Time ».
Un album qui a l’air de rien, presque fragile et minimal, mais qui a su s’élever très haut par sa grâce et sa simplicité. Le seul album connu de ces Chicagoans, bien que le destin ne lui accordât qu'une reconnaissance tardive…