La marche de l'indien Neil sur le sentier de la guerre

Bon je n'avais pas pris le temps de faire une critique de cet album étonnant qui porte le meilleur et parfois un plus faible Neil.

Si l'ouverture Peace Trail est assez réussi, il y manque, dans ce rythme Amérindien, une certaine cravache, un lancer du tomahawk décoiffant le scalp d'un aventureux colonisateur .

Et c'est ce qu'on retrouve dans le titre qui suit Can't Stop Working avec cette guitare électrique qui vient détruire le drum de débutant qui martèle le titre. Un petit côté Weld.

Bon certains disent Indian Giver est le titre de l'album. Cette cut proche de la période avec The Bluenotes manque justement du big band. On entend facilement ce qui aurait été possible avec ledit big band pour propulser le titre dans une galaxie brûlante comme la video officielle! Car ici Neil retrouve sa plume vitriolique, encore une fois, pour dénoncer dette Amérique qui n'en finit plus de tout détruire. Malheureusement le titre s'étire un peu trop et est sauvé in extremis par une harmonica rarement entendue chez Neil!

Show Me est THE CUT de cet album , avec des réminiscences, dans le son, de Hawks and Doves. Lancinante mais puissante dans sa sobriété, Show Me est une perle comme Neil sait nous en pondre depuis plus de 50 ans Et quand l'harmonica embarque on est complètement ravagé , le corps s'élance vers ce frisson que Neil nous donne depuis toujours. Magistral.

Texas Rangers enchaîne très mal, son beat hachuré, cassé, ne fait pas le poids avec Show me. La guitare électrique déchire l'air de façons brèves ici et là. Le texte soutient toutefois merveilleusement bien cette anti-musique !

Terrorist Suicide Hang Gliders est une autre perle de l'album. Ici aussi Neil déchire son harmonica et sa guitare électrique dans une harmonie fascinante. La guitare acoustique si particulière sur cet album maintient cette atmosphère de tipi et de réserve indienne. C'est franchement superbe! Et avant que la chanson finisse les vieux fans savent déjà que ce morceau rentre dans la légende de Neil.

Et là on fait la rencontre de Joan Oaks. Ce bonhomme a sûrement marqué Neil puisqu'il en perd son chant et que le morceau est récité, (mini scénario de la vie du bonhomme) et on s'intéresse au personnage tant le portrait que Neil en trace est fascinant. Musicalement parlant je ne sais trop quoi en penser, c'est correct mais il y manque quelque chose comme un violon déchirant ou je ne sais quoi qui aurait rendu l'étrangeté du personnage. Mais c'est osé, risqué et ça j'aime ça chez Neil !

My Pledge voit un Neil faisant un dur constat: il est complètement perdu devant cette génération, et le monde tel qu'il est devenu. Encore une fois le récitatif l'emporte sur le chant. On sent que Neil a plus besoin de dire certaines lignes plutôt que de les chanter. Par contre ici , en arrière plan, il y a du chant. Le morceau s'arrête juste à temps avant de devenir lassant.

Glass Accident retrouve l'esprit de Comes A Time sur lequel il aurait bien figuré. Les paroles sont encore une fois plus fortes que la musique...dommage..

My New Robot commence dans la plus pure tradition déprimante que Neil maîtrise si bien et le morceau se retrouve dans le sillage de Trans avec ses voix robotiques qui servent bien la thématique. Et le tout finit abruptement , panne d'électricité ou du robot! ? ou d'un Neil dégoûté ?

Peace Trail étonne, c'est un album qui aurait pu s'envoler encore plus haut sur le sentier musical et malgré son titre, Neil est en fait sur le sentier de la guerre par la révolte constante que porte ces mots. La cohérence des instruments et le son de l'album est un miroir fascinant de la culture Amérindienne que ce soit par la rythmique de ses tambours, ses guitares et basses aux cordes molles voire complètement lousses, et ses effets de lenteurs fort réussies. Il y manque une flèche sanguinaire pour en faire un chef d'oeuvre mais ne boudons pas le plaisir de fumer ce calumet de la guerre!