Voici les différents comptes-rendus des membres du "Salon où l'on ose" sur cet album sélectionné par denizor pour illustrer le thème "(((vibrations))) : les musiques physiques"
https://www.senscritique.com/liste/LE_SALON_OU_L_ON_OSE_Liste_participative_n_1_vibrations_les/1804858
"Suivre Jean- Sébastien Nouveau va s’avérer difficile. Sous le nom de "Les Marquises", l'homme avait sorti "Lost, Lost, Lost", un premier album qui finalement ne perdait pas trop l’auditeur, si tant est qu’il ait connu son projet précédent, "Immune". Le Lyonnais y retranscrivait, dans un art de l’épure, recherche sonore et de l’expérimentation mélancolique, une dualité chère à Robert Wyatt, Notwist ou Hood. Illico presto, car totalement à l’aise dans cette niche, le Lyonnais était devenu un de nos favoris. Au-delà de son talent personnel, Nouveau a aussi pour lui de savoir bien s’entourer avec entre autres : Etienne Jaumet (Zombie Zombie) au sax, Benoit Burello (Bed) au chant, Nicolas Laureau (Don Nino, NLF3) aux claviers ou encore Martin Duru (Immune, Colo Colo) à la basse et aux claviers. Autant dire que l’on était plus qu’impatient de découvrir les nouvelles aventures de ces fameuses Marquises.
De prime abord, "Pensée Magique" ne va pas manquer de surprendre, voire de perturber et de perdre l’ auditeur. Qu’ils soient fans de "Lost, Lost, Lost" ou totalement vierges de la musique du projet. Le disque se doit d’être d’abord bien écouté, apprivoisé, digéré. C’est un disque à maturation lente, aux ingrédients épicés. Ce deuxième opus est luxuriant, touffu, rempli de sonorités, d’ambiances, d’instruments … un vrai voyage dans la jungle bien loin du spleen anglophile initial. Pourtant sur "Lost, Lost, Lost", un morceau appartenait déjà à cette mouvance : avec le recul, "Comme nous brûlons" annonçait totalement "Pensée Magique" et l’évolution de son auteur. Allant plus loin, ce nouvel album peut être perçu négatif du premier : le rapport de force s’est inversé. Seulement deux titres évoquent l’univers initial – Hood-ien – de Nouveau ("Jennie Magic’ cast on" et "Nights Falls on the dale"). Dans la majorité du disque, Jean-Sébastien Nouveau aura mis en musique les références cinématographiques à l’origine même du disque : "Aguirre ou la Colère de Dieu" et "Fitzcarraldo" de Werner Herzog, "Les maîtres fous" de Jean Rouch. Et c’est vrai que l’on croit retrouver l’Amazonie de l’Allemand ("In the forest" ressemble à la bande-son, ni plus ni moins, d’une forêt équatoriale) ou l’Afrique décrite par le cinéaste ethnologue français dans "Pensée Magique". Il y a là tribalisme et opulence, magie et primitivisme, le tout engoncé dans une nature XXL. Comme dans les musiques primitives, les vibrations sont permanentes et rythme la musique ("Chasing the hunter", longue fuite en avant dans la forêt sous emprise shamanique). Cela donne le ton général du disque.
Pourtant, les références d’avant sont bien là : la ligne de chant pourrait appartenir à Dominique A.("Les maitres fous") ; les sonorités analogiques de synthés côtoient les percussions ; il y a même des cuivres qui se délectent d’accords jazz ("The Visitor", magnifique comme du Nils Petter Moelver). Avec "Pensée Magique", Jean-Sébastien Nouveau s’aventure au-delà de ses territoires connus, il explore au-delà de sa géographie personnelle et dépasse même les territoires qu’il s’était fixés au départ (Afrique et Amérique du Sud) : dans ses sonorités, "Cassette" nous amène vers l’Inde et le Pakistan. En cela, "Pensée magique" est le vrai disque d’un artiste qui prend des risques avec lui-même et essaye de se dépasser littéralement. Et c’est réussi : rares seront les albums de 2014 aussi envoutants que celui-ci."
(denizor)
Très bel album, aux percussions krautrock hypnotiques. Un choix judicieux, sous une forme pop, avec cette idée de remplir l'espace de sons. Parfois à la limite de la transe (Chasing the Hunter, terrible morceau), le groupe doit offrir une expérience en concert réjouissante.
(Fortynine Days)
Des rythmes hypnotiques, un aspect physique évident, pour son aspect transe.
(PiotrAakoun)
Un beau projet baroque que j'ai apprécié mais sur lequel j'avoue rester muet. Je pense que d'autres écoutes devraient me permettre d'en parler. J'essaye de le réécouter prochainement.
(RunningJack)