Habitué aux comebacks salvateurs suite à des albums peu inspirés et mal perçus par les critiques et les fans, LL Cool J avait, en 1997, envie de rester dans un certain confort en sortant "Phenomenon", son septième album. Des chansons teintées de RnB, des paroles de "playa", le tout saupoudré d'un ou deux morceaux de rap plus hardcore pour montrer qu'il reste dans le game : telle était l'ambition de cet album produit par P. Diddy et sa clique des Hitmen pour le label Def Jam. De fait, avec son club-banger efficace sans être marquant "Phenomenon" et les autres "filler" soul aux refrains suaves, l'album faisait le taf, sans plus. La chanson "Father" apportait une touche plus personnelle et intimiste, dans laquelle LL nous contait sa jeunesse d'enfant battu par son beau-père, mais elle restait bien seule au milieu de cette guimauve RnB peu aidée par certaines productions peu inspirées des Trackmasters et autres sbires de P. Diddy. Du très moyen certes, sans surprise et presque sans saveur, mais cet album, sans le vouloir, allait marquer un tournant dans la carrière de LL Cool J et de l'histoire du Hip-Hop.
Le septième morceau de ce septième album, intitulé "4, 3, 2, 1" nous rappelle au bon souvenir d'un LL Cool J ravageur, plus proche des morceaux hardcore type "Mama said knock you out", et qui, dans cette décennie 90, semblait quasiment disparu. (Bien) entouré de Method Man et Redman, ainsi que de deux petits nouveaux prometteurs, DMX et Canibus, la track produite par Erick Sermon avait tout pour devenir le "puncher" de l'album. Mais elle ne va pas s'en contenter puisqu'elle va également donner naissance à un beef très controversé : LL Cool J vs. Canibus.
Canibus, alors débutant et fan de LL Cool J, va démarrer son couplet par la line "Hey yo L, is that a mic on your arm ? Lemme borrow that !", en référence au tatouage de micro sur le bras de LL. Ce dernier va prendre ça au premier degré et peu gouter à l'enthousiasme de ce petit nouveau, le conduisant à le détruire dans son propre couplet. LL va également demander à Canibus de refaire son "verse" en retirant la fameuse line, ce qu'il acceptera de faire. Mais LL va de son coté conserver son couplet où il défonce, sans le nommer, Canibus. C'est le début d'un beef qui durera le temps de quelques "diss songs" de haute volée, coupant les ailes de Canibus dès le premier envol, et qui s'étendra même jusqu'à intégrer Eminem, tout en donnant l'opportunité à LL de rappeler à tout un chacun qu'il reste au sommet du game et qu'il ne faut pas "mess with the GOAT".
Ce coup du sort aux allures de coup marketing va permettre à LL de continuer à surfer sur sa notoriété, alors même que cet album, plutôt moyen en réalité, aurait probablement participé à le rétrograder dans la catégorie des rappeurs has been.
Destiny.