Lakecia Benjamin – Phoenix (2023)
Le quatrième opus de Lakecia Benjamin « Phoenix » vient d’arriver dans la boîte, au format Cd. Son précédent album « Pursuance: The Coltranes » était très bon, et même un peu plus que ça, la leçon de saxophone en provenance du maître s’entend d’ailleurs sur le morceau titre « Phoenix », même s’il est restitué à l’alto.
Le titre suivant, « Mercy », un peu sirupeux et chanté par Diane Reeves, se drape de cordes et figure un tournant funeste s’il ouvre une voie nouvelle et marque un virage artistique, malgré sa qualité d’exécution. Pour autant il semble seul dans son genre ce qui rassure…
Pour autant le voyage n’est pas sans surprise, sirène de voiture au démarrage, puis la voix d’Angela Davis sur le titre d’ouverture (et de fermeture – Radio Edit) l’excellent « Amerikkan Skin », très colemanien . Vibrante sonnerie téléphonique lors de l’intro de « Jubilation » qui consiste en un « spoken word » dit par Sonia Sanchez en même temps que Ivan Taylor joue un très beau solo de contrebasse.
On le voit, les pistes se suivent sans se ressembler, « Peace Is A Haiku Song » se profile en quartet sax, piano, basse, batterie et toujours la voix de Sonia Sanchez qui poursuit le spoken word, on glisse ensuite vers un « Moods » très hard bop, retenant toutes les lois du genre, énergique à souhait.
Puis une ballade, « Rebirth », même chose, les codes sont toujours là, une impression de voir défiler un catalogue, c’est du trois étoiles très certainement, habile et bien mené. Arrive « Coltrane », un hommage en même temps qu’une inspiration, une des meilleures pièces ici, pour ainsi dire une « vignette » qui représente sans doute la musique modale à la sauce jazz.
Tout cela ressemble à un parcours très réussi, les styles plus ou moins modernes sont visités et mis en valeur, sans parler de Wayne Shorter réanimé sur « Supernova », et l’hommage à « Basquiat », tempo rapide et le rappel d’Ornette encore, mais c’est ce qu’on aime en fait, ces réminiscences qui remontent de loin, l’air de rien, histoire de chatouiller le cerveau reptilien…