Je continue à réveiller les albums « endormis » de ma discothèque, voici Piccolo un double LP de Ron Carter. Celui-ci a participé à un nombre incalculable d’enregistrements, en tant que sideman ou en tant que leader, selon ses dires il aurait participé à plus de deux mille enregistrements. « Piccolo » est sorti en 1977 et présente Ron Carter en tant que leader, l’album est tout à fait remarquable. Ron joue de la basse piccolo, celle-ci doit son nom au fait qu’elle est accordée un octave plus haut que la contrebasse usuelle, elle donne son titre à l’album, mais il y a aussi un bassiste de renom, Buster Williams, un batteur en la personne de Ben Riley et un fabuleux pianiste, Kenny Barron.
L’album est capté live au « Sweet Basil » de New York lors de deux soirées du mois de mars, on sent la chaleur et la présence du public, une osmose et un feeling particuliers transpirent ici, engendrés par la complicité des deux basses, la sonorité grave des cordes qui se soutiennent, l’une au charbon et l’autre diablement mélodique. Ron carter joue aussi bien pizzicato qu’avec l’archet, il est brillantissime, mais on connaît son jeu depuis le début des années soixante où déjà il excellait, avec son violoncelle aux côtés de Mal Waldron.
Une autre façon d’aborder le jazz, avec des sonorités nouvelles, la musique défile tout au long de ces quatre faces, sans jamais laisser place à la monotonie et à l’ennui, se renouvelant sans cesse avec un brio jamais démenti. Cet album est indémodable, c’est la force des classiques. J’avais oublié à quel point il était estimable, je m’en repends maintenant.