Qui un jour aurait-pu croire que le roi du blues anglais et le trompettiste américain le plus influent du 21ème siècle formerait un duo le temps d’une nuit musicale où la grande musique n’aurait comme limite que le bout de la salle…
Marsalis arrive sur scène et salue le public, une seule phrase sort de sa bouche encore gonflée par l’entrainement de ses gammes précédents son entrée sur scène « Ce spectacle est une célébration du « pouvoir international du blues ». Clapton est déjà sur scène et il ne semble pas à son aise. Merde ! T’as beau être un des plus grands guitaristes au monde, quand tu es face aux six meilleurs musiciens du Lincoln Center et que tu sais qu’a à peine 5m de toi tu auras le grand Wynton qui improvisera sans problèmes sur tes riffs tu ne rigoles pas et surtout tu restes noble.
Ce qu’il y a de grandiose dans ce concert, ce n’est pas tant l’alchimie musicale qui se passe entre ces huit musiciens mais plutôt le regard des uns sur les autres, sur chaque solo, on peut voir un des musiciens, quand ce n’est pas tous, regarder avec admiration leurs collègues de scène. Le plus marquant reste la reprise complètement folle du tube de Clapton « Layla ».
On est sur du grand, du grand moment musical, on peine à respirer devant le talent inimaginable de ces mecs, les trois couplets se peaufinent un par un avec une telle élégance qu’on ne peut rêver mieux. Justement, si ! Clapton monte le son de sa six cordes et envoie un solo très claire et sobre (mood), à ce moment précis, le réalisateur tourne la caméra et on peut alors apercevoir le regard de Marsalis qui est au bord des larmes devant une telle précision rythmique et technique, et à son tour il chope sa trompette et comme précédemment, Clapton reste lui aussi bouche bée devant le talent de Clapton… C’est beau, c’est puissant, jouissif et ça pendant plus d’une heure. Alors, que demander de plus… ?