Surnatural Orchestra – Pluir (2012)


« Pluir » est le troisième album dans la discographie du Surnatural Orchestra, c’est aussi l’album que j’ai le premier écouté, après avoir vu la formation en concert lors d’une émission de télé, j’avais été immédiatement saisi et emporté par le lyrisme du groupe, sa jeunesse et son souffle épique. « Pluir » se présente comme un album ordinaire, ce qui en soi est déjà extraordinaire, mais je ne le savais pas encore, il est gonflé aux hormones de soixante-dix minutes de musique bienfaisante.


Je vous le présente presqu'en dernier, hors de tout souci chronologique, juste le fait du hasard, et peut-être aussi à cause de son statut de digipack, ce qui le rend hors-norme puisqu’il est sagement classé dans la lettre « S », alors que les autres n’y figurent pas, trop haut, ou trop long, ou bien encore trop massif… Il sera rejoint bientôt par le premier, puis par le nouvel album qui semble également simplement ordinaire, tout au moins dans la forme.


On retrouve nos géniaux compositeurs inconnus, les Géhant, Stéphan, Leymarie, Boublil, Theuillon, Saudek ou Hélary. Géniaux mais dans l’ombre, noyés dans la masse, le Surnatural qui compose aussi, et même majoritairement sur cet album. Je prends mon doigt pour compter, ils sont dix-neuf, de quoi occuper n’importe quelle scène et impressionner, même avant de jouer, alors imaginez pendant ! Ils sont nés d’une fanfare semble-t-il, quelle promotion ! Passer ainsi de marchant à assis, avec un tel talent !


Le problème avec cet album c’est que le morceau qui passe vous fait oublier le précédent, car il vous happe de suite, sans vous laisser une chance. Il y a ce truc d’Antonin Leymarie, qui poursuit également des projets par ailleurs, ça s’appelle « Party Party 1.2.3 » et c’est vraiment énorme, onze minutes hors du temps, quasi-symphonique sur la fin, il faut toute la finesse du Surnatural pour interpréter une telle pièce sans grandiloquence !


Puis arrive « Choses Sauvages » de Boris Boublil dont on sait le talent de compositeur, il offre un solo au sousaphone, on le voit, c’est un homme de bien et la compo se transforme en marche triomphante qui embarque l’entièreté des instruments à vent et de la rythmique, avant de s’éteindre, molle.


On nous indique sur le « bandcamp », ou le Cd se vend cinq euros (ou plus), qu’une pièce mystère est découpée entre les musiciens, chacun devient alors le chef d’orchestre et dirige sa création ou son impro à partir de son extrait. Ce qui deviendra, au final, l’album que l’on entend, une sorte de méthode ou le ludique tient son rang, même si on retrouve ici les habitués de l’écriture…


Il y a même une chanson, enfin un truc avec des paroles qui ressemble un peu à du rap-jazz, « What Is Collective ? » qui mérite le détour et peut-être un peu de votre temps, rassurez-vous les minutes consacrées à l’art et à sa contemplation ne sont pas enlevées de votre « capital vie », et même se rajoutent si l’on en croit les Sages Ecritures du « Bardo Thödol », enfin, si j’ai bien lu…


Avant de partir un petit mot pour la jolie pochette…

xeres
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le 14 janv. 2023

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