Polaris est donc le nouvel album de TesseracT, la formation anglaise de métal progressif tendance djent et, si vous avez lu mon précédent billet – et les quelques autres que j’ai consacré au groupe – vous vous doutez que je l’attendais avec impatience et appréhension.
Disons tout net: ce n’est pas Altered State bis. Enfin, si, au niveau de la forme: on est clairement dans le même créneau de djent très mélodique avec des constructions progressives, le tout dans une atmosphère glacée et mélancolique.
Il y a, dans les neuf pistes de Polaris, une intention claire, une sorte de concept musical qui fait des quelques quarante-six minutes de l’album une expérience très cohérente. Les morceaux sont plutôt courts – entre quatre et sept minutes – mais percutants, à l’image de la basse acrobatique du groupe. Reste que j’ai du mal à y retrouver l’énergie et l’intensité du précédent album studio.
Il faut quand même être un chouïa honnête: venant de n’importe quel autre groupe, Polaris m’aurait enthousiasmé. Il parvient à poser des ambiances comme personne et ce style syncope, presque déconstruit est un pur régal, avec des morceaux comme « Dystopia », « Hexes » ou « Survival », qui ouvrent le bal à l’artillerie lourde.
C’est Daniel Tompkins qui est de retour au chant, après l’intermède Ashe O’Hara, mais honnêtement, on ne me l’aurait pas dit que je ne l’aurais pas remarqué; autant en live, il n’est pas toujours carré, autant je le trouve irréprochable sur cet album. C’est d’ailleurs marrant, je lui trouve des points communs avec Seal, notamment sur « Phoenix ». Oui, le chanteur de soul. Le reste des musiciens sont au taquet, comme d’habitude, d’une précision chirurgicale.
Le problème, c’est qu’assez rapidement, j’ai l’impression que le rythme s’essouffle et que, passé ce démarrage en fanfare, Polaris peine à trouver son rythme de croisière et alterne quelques points forts (« Cages », par exemple) avec des moments plus creux.
L’écoute de Polaris m’a permis d’échafauder une hypothèse pour expliquer mes déceptions en live, que ce soit sur album ou devant la scène. Je soupçonne qu’un des éléments particuliers de la musique de TesseracT, c’est une forme de détachement. C’est un peu comme regarder une bataille derrière une couche de glace. Sans cette distance, sans ce détachement, on perd quelque chose.
Objectivement, Polaris est un excellent album de métal progressif, avec ses ambiances de science-fiction aux limites de l’atmosphère; c’est l’album de la maturité, dans la continuité du précédent, et servi par une production impeccable. Subjectivement, il est décevant, car moins bon qu’Altered State – ce qui revient à dire qu’il est un peu moins que parfait.