Power Plant
7.4
Power Plant

Album de The Golden Dawn (1968)

Ne vous y trompez pas, les plantes qui figurent sur la pochette sont celles du cannabis et les champignons qui les accompagnent sont hallucinogènes. Au dos de ce visuel captivant, un texte nous invite à l’introspection et à l’ésotérisme. Le nom du groupe ? The Golden Dawn. Rien à voir avec un parti néo-nazi, rassurez-vous : ce nom fait référence à une secte. Et l’année ? 1968. Comme ces éléments le laissent deviner avant de lancer les turbines, Power Plant est un album typique de la première vague psychédélique. Celle qui a été immortalisée sur la fameuse compilation Nuggets: Original Artyfacts from the First Psychedelic, pourvoyeuse de perles au-delà des classiques Beatles, Doors et Jimi Hendrix en mettant les projecteurs sur des groupes tels que Paul Revere and the Raiders, The Seeds, The Electric Prunes, The Sonics… Mais… oh, wait ! The Golden Dawn n’y figure même pas !


Pourtant, c’est tellement nuggets cette affaire ! De la réverbération, un chant planant, des instrument inattendus, on a même droit à des bandes inversées.... Il faut que ce groupe du Texas soit resté bien méconnu pour qu’il n’ait même pas le droit à un titre parmi les 91 de la compile. Il y en a pourtant quelques-uns qui auraient fait admirablement l’affaire. Prenez « A Nice Surprise », par exemple : une pépite so sixties dont l’efficacité de la guitare électrique sur les couplets et l’évidence du chant sur les refrains pourrait faire rougir jusqu’aux Kinks ! Ou bien « Seeing is Believing » dans cette même veine pop rock, ou encore « Evolution », solide entrée en matière qui sonne très psyché avec ses percussions atypiques…


Ne vous y trompez pas, ces 10 morceaux renferment l’essence même du garage rock des années 1960 et sauront vous offrir un pur moment de joie, de divertissement au sens premier du terme. Vous n’allez peut-être pas virevolter à 2 000 kilomètres d’altitude, mais plus simplement planer en apesanteur à 2 ou 3 mètres. Cela reste un rock psyché assez contenu, bien huilé, mais néanmoins extravagant. Il maintient un équilibre réussi entre l'esprit pop rock et l’esprit garage, et s’offre des incursions vers la balade psyché sur « This Way Please » ou vers folk sur « I’ll Be Around ». Le leader George Kinney a d’ailleurs commencé sa carrière musicale en jouant du folk dans un trio composé avec sa sœur et Roky Erickson, futur leader des 13th Floor Elevators, qui a grandi dans le même quartier difficile qu'eux à Austin. Rien d’étonnant à ce qu’un même producteur, Lelan Rogers, se soit occupé des deux groupes.


La ressemblance avec les désormais cultes 13th Floor Elevators est d’ailleurs manifeste tant dans la composition que dans la production, ce qui contribue à expliquer que The Golden Dawn soit resté dans l’ombre de ses contemporains. Enfin, pour être juste, disons qu’il y avait sans doute du tort à la fois du côté du groupe et de leur label. Le groupe est arrivé au studio alors qu’il n’avait pas fini de tout composer, ce qui l’a inévitablement poussé à bâcler, et s’est enguirlandé peu après l’enregistrement pour différentes raisons comme des aspirations divergentes sur ce qu’ils allaient faire ensuite (le leader George Kinney voulait gagner la Californie, sentant peut-être que son âme vagabondait là-bas…). Lelan Rogers, de son côté, n’a pas été d’une grande aide et a pour ainsi dire fini par laisser tomber les Golden Dawn car il était plus préoccupé par ses chouchous. Vous devinez de qui il s’agit ?


L’ascenseur est donc resté en panne pour The Golden Dawn après un unique album, mais parfois, ce n’est pas plus mal car les groupes n’ont pas forcément grand-chose de plus à ajouter et les albums acquièrent ainsi une certaine aura testamentaire.


Sources biblio : P. Thieyre dans le livret de l’édition CD (EVA, 1992) pour la plupart des informations sur le groupe.

Créée

le 22 nov. 2020

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