Prairie Wind
6.4
Prairie Wind

Album de Neil Young (2005)

Prairie Wind semble faire partie des albums apaisés de Neil Young, comme Harvest Moon ou Silver & Gold , ce n'est pourtant qu'une apparence car il est parcouru d'une tension interne qui prend sa source dans la tristesse de Neil qui vient de perdre son père et à qui il dédie cet album. Son état de santé s'est également détérioré, il a subi une opération au cerveau suite à une rupture d'anévrisme... D'ailleurs d'une façon générale il a peu été épargné par la vie (polyo, deux enfants gravement malades, divorces)... C'est donc dans un contexte assez lourd que se construit cet album, Neil écrit beaucoup, comme s'il percevait une urgence, comme si le temps était compté... C'est vrai, la soixantaine est arrivée!


C'est donc un album acoustique qui nous est proposé, les fidèles sont là, Ben Keith, Spooner Oldham, Rick Rosas, la guest star de l'album c'est Emmylou Harris qui intervient sur trois titres. L'ambiance générale oscille entre ballades folk et airs country avec quelques réminiscences Gospel ici ou là. C'est aussi un album assez introspectif, une interrogation sur le temps qui passe: retour sur une "icône" Elvis "He was the king", questionnement sur l'objet qui traverse et défie le temps, passant de main en main "This old Guitar", illusion du mouvement, du flux et du reflux, des allers et retours, des séparations et des retrouvailles "Here for you", l'interrogation métaphysique sur le mode "Prière" au travers de "When God made me".


Pour ma part je trouve que l'album est globalement d'un bon niveau mais qu'il comporte des titres de valeurs inégales. Il a été souvent bien accueilli par la critique et peut-être même surévalué. Il débute de fort belle manière avec "The painter" et déjà Neil philosophe :"It's a long road behind me / It's a long road ahead / If you follow every dream / You might get lost." Neil plante avec maestria ses préoccupations du moment bien soutenu par la steel de Ben Keith.


"No Wonder" le morceau suivant est pour moi le sommet de l'album, le jeu des guitares soulevé par les profonds accords de l'orgue est magnifié par l'intervention des chœurs, tandis qu'une somptueuse mélodie, qui nous renvoie au lointain Harvest se déploie avec justesse et perfection.


"Falling Off The Face Of The Earth" évoque le dernier regard que l'on peut adresser à ses proches avant le départ... Le dernier titre de la face nous plonge dans la nostalgie, "Far from home" chante Neil sur un rythme enjoué au son de l'harmonica et des cuivres... La face deux s'ouvre au son d'un grand orchestre qui se déploie avec lenteur, peut-être un peu trop de tout ici, tout est bien en place, le chant est parfait, mais d'où provient cette sensation de pesanteur? La chanson titre, en comparaison semble presque "soul", et même "reggae", un souffle de brise qui traverse l'immensité de la prairie... ça requinque, malgré la mélancolie qui traverse la chanson. J'ai plus de mal avec le dernier titre de l'album "When God made me" dont la forme évoque un peu trop un cantique et pas assez un Gospel pour m'emporter, elle me fait même un peu peur...


La dernière face comporte une interview de Neil.Deux pochettes intérieures sont prévues en sus pour accueillir les albums (200gr) et un grand livret regroupe les paroles des chansons et quelques photos.
Sans parvenir à être un album phare du Loner, Prairie Wind est traversé par une certaine profondeur dans son propos, un poil "commercial" sans doute mais toujours de bon niveau.

xeres
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le 29 févr. 2016

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