Don Wilkerson – Preach Brother ! (1962)
Voici un album Blue Note gravé par celui qui fut un des plus importants saxophonistes de Ray Charles, on l’entend souvent en solo sur les albums du pianiste et chanteur. C’est un autre saxophoniste dont on a parlé ici il y a peu, Ike Quebec, qui le présenta aux dirigeants de Blue Note qui lui firent enregistrer trois albums au total, dont celui-ci qui plut particulièrement en France, où il fit une petite carrière, car le premier titre de la face B, « Camp Meetin’ » servit de générique à l’émission « Pour ceux qui aiment le jazz », sur Europe n°1.
Don est donc au ténor, on retrouve l’impeccable Grant Green aux guitares, Sonny Clark au piano, Butch Warren à la basse et Billy Higgins à la batterie, des grands noms partout, dans une configuration quasi idéale pour enregistrer un grand album, de jazz sans doute mais que l’on pourrait tout aussi bien qualifier de soul ou de gospel.
Le nostalgique que je suis commencera l’écoute par la face B et l’irrésistible « Camp Meetin’ » qui semble tout droit sorti de chez Ray Charles, avec son piano si groovy et entêtant, son prodigieux solo de guitare et le sax rugueux de Don Wilkerson accroché au thème. « The Eldorado Shuffle » qui suit poursuit avec la même efficacité, parfait thème de Rythm’n Blues qui donne envie de suivre le tempo en tapant du pied, certes c’est basique mais immédiatement efficace !
Mais on peut également aimer cet album pour l’autre soliste très en évidence, l’impeccable Grant Green qui saisit chaque occasion de faire un solo et briller de mille feux, certes Sonny Clark n’est pas manchot non plus et régale également. Les pièces sont en majorité funky, très vives et sans prise de tête, alors certes on reste dans les cadres habituels sans jamais prendre de risque, mais le travail est bien fait, avec une impeccable efficacité.
Malgré l’influence de Ray Charles, c’est bien Don Wilkerson le compositeur de toutes les pièces ici, son style direct, un chouïa rentre-dedans, avec ses répétitions quasi obligatoires, afin de créer l’effet d’attente qui développe une énergie toute en efficacité. Procédé que l’on retrouve également dans le « Hard Bop » dont usait également Art Blakey et ses messagers du jazz…
Un album dynamique et généreux qui vous mettra de bonne humeur, dès le petit matin…