Nous sommes en mars 2000. Melankolic, le label de Bristol monté par Massive Attack, sort un disque d’une beauté brute, Ordinary Man, œuvre d’un duo qui se fait appeler Day One. C’est alors une petite révélation : l’album est une succession de minimorceaux de bravoure proto-prolo, qui racontent l’Angleterre comme personne ne l’a fait jusqu’ici. On n’a jamais entendu ça, et on ne l’entendra plus pendant sept longues années. Plombé par la débandade de Melankolic, et pas vraiment capable de transporter son album sur scène, Day One disparaît. Ce n’est que fin 2006 que l’on aura des nouvelles du duo. Un disque arrive du Japon, c’est bien du Day One. Phelim est toujours là avec sa voix qui lui sort tout droit du nez. Donnie continue à mélanger les petits beats souples et la guitare. Alors évidemment, depuis l’avènement de Mike Skinner, Day One a pris un petit coup de vieux. On est encore loin du syndrome Hibernatus, mais ce deuxième album est, on peut le dire, un peu moins dans l’époque que ceux du kid de Birmingham. Ceux qui ont connu le Day One des débuts s’en inquièteront peut-être. Les autres pas forcément. Car il y a tout de même sur ce disque de très chouettes chansons qui confirment tout le talent de songwriting du duo. On pense à Bad Before Good, qui ouvre l’album de manière très compacte, mais aussi au sautillant Feet Firmly on the Ground, au survolté Saturday Siren, ou encore à Probably Art, qui donne humblement son nom à ce second essai du groupe. Des titres que l’on va enfin pouvoir découvrir grâce au label One Little Indian, qui a décidé de s’occuper de Day One. (Inrocks)