(Scolaire parce que professeur punchline vous avez compris, hein c'est drôle)
Gros dérapage
L'album s'ouvre sur cette intro produite par Hits Alive, qui revient sur cet album après avoir produit quelques sons pour le précédent. Ambiance très sombre, beat lent mais énergique... le son donne le ton pour le morceau. Seth Gueko poursuit dans la direction de Bad Cowboy, c'est à dire un flow plus lent pour mieux mettre en valeur son texte. Gros dérapage est une bonne intro égotrip mais qui reste dans le pur style du bonhomme ("Avec la chiasse que j'ai j'suis pas prêt d'leur laisser le trône").
la punchline du Sud-Ouest: "On n’est pas des canards, mais on aime le confit"
Val d'oseille
Le premier extrait de l'album, et un son qui ne m'avait pas plus convaincu que ça aux premières écoutes, malgré son clip à la sauce Fury Road. Les couplets ne sont pas en cause, mais le refrain avec son autotune mal dosé peut vite rendre ce morceau répétitif. C'est dommage car ça ne donne pas au son ce côté "hymne au Val d'Oise" qu'il aurait voulu prendre.
la punchline provençale, sors ton galoubé-tambourin frérot: "Les schlags veulent la galette mais pas les santons"
Mr l'Agent
Un de mes, sinon mon, son préféré de l'album, et ce en grande partie grâce à l'instru presque mélancolique de Hits Alive. Pas mal de punchlines moyennes mais qui glissent sans accrocher grâce à l'ambiance instaurée. Néanmoins, la prod et le refrain pouvaient laisser espérer un son à thème et malheureusement rien de cela ici.
la punchline dédicace à la Suisse: "Monte sur l’ring au son d’la cloche à fromage, rapapa / Maintenant, si un gruyère te voit il t’appellera papa"
Delicatessen
Un morceau dans la vogue du moment: un flow trap, une instru trap. Alors effectivement, on pourra dire que Seth Guex se contente de suivre la tendance du moment, mais c'est sans compter qu'il faisait déjà des morceaux techniquement similaires même quand la trap n'était pas à la mode. Des petits backs à la Alkpote donnent un peu de puissance à l'ensemble, mais je trouve tout de même cela un peu léger.
la punchline blague Carambar: "J'balance rien, le comble du barman c'est de se faire tirer les verres du nez"
Chintawaz
L'instru présente des similitudes avec celle de Val d'oseille, aussi produite par Cody Macfly. Mais c'est beaucoup mieux maîtrisé ici avec un refrain plus énergique (on appréciera le "Sheguey ! Sheguey ! Sheguey!" au début du premier), et un couplet de Seth Gueko impec', rien à jeter, et une petite accélération à la fin. Gradur fait un peu pâle figure en comparaison, il est toujours aussi bon en termes d'énergie, mais malheureusement beaucoup trop faible dans ses lyrics.
la punchline qui va pas plaire à Nadine, fais gaffe elle va sortir Instagram: "Nos bécanes sont pas musulmanes, pourtant elles ont les roues voilées"
Seth Gueko Bar
Le petit plaisir coupable de l'album, comme Barbeuk en son temps. Une petite instru à la DJ Mustard avec les claquements de doigts qui vont bien, et Seth Gueko qui fait la pub de son bar d'une manière telle que même le CSA lui taperait sur les doigts. On y apprend en effet l'adresse de son bar (29, rue Bangla), le fait qu'il soit équipé du ventilo et de la clim, qu'il soit ouvert entre 20h et 4h, que c'est 1000 baht la tournée de shooters, et qu'il n'y a pas de videurs. Allez, fais péter la cloche.
la punchline LGBT-approved: "Sois pas homophobe, quand tu chies t'es un peu pédé"
La Meuf du Moment
Non.
la punchline ton père c'est un voleur: "T’as les yeux qui scintillent comme deux pépites d’or"
Chantilly Nutella
Non plus.
la punchline des idées qui donnent envie: "L'amitié est un schlass, mon dos un tiroir Cuisinella"
Comment on fait
Un refrain que je comprends pas trop ("Ta meilleure punchline c'est que t'en as jamais fait", ça veut dire quoi ?), une instru non originale au possible. Heureusement que Lacrim est en forme et que son alchimie avec l'hôte soit flagrante. Troisième morceau de suite où Seth Gueko insiste sur le fait qu'il aime les femmes épilées, doit y avoir un message à faire passer quelque part.
la punchline Dumbo: "Moi, personne m’arrive à la cheville, à part ma bite"*
Les Démons de Jésus
Le morceau introspectif de l'album (un passage obligé semble-t-il chez bon nombre de rappeurs français): ça marche, et même plutôt bien, en dépit d'un piano cliché au possible en instru. Quelques belles punchlines ("Ne pas croire en Dieu est un pêché que même le Diable n’a pas commis") et un morceau qui, bien qu'étrangement placé dans l'album, donne à celui-ci une bouffée d'air frais agréable.
la punchline féodale: "J’ai pas d’fans, j’ai que des écuyers"
Titi Parisien
Avant d'entendre le "Seth Guex" à la dix-neuvième seconde, je me serais vraiment cru dans un morceau d'Oxmo Puccino époque l'Amour est Mort. Très bon son: bien qu'il aurait peut-être gagné à avoir un thème plus fort, on sent ses phases reliées entre elles par une certaine nostalgie (d'une autre époque du rap ?), le tout dans une ambiance très "vieux grand banditisme", à écouter avec un grand imper, un cigare et un chapeau.
la punchline qui va pas faire plaisir à Marion-Maréchal: "La France fait peur, hommage à Clément Méric / Chaque chasseur de skin mérite un putain d'espèce"
Hommes des neiges
Tiens, un feat Booba/Niska ? Comment ça, c'est pas Booba ? Ah non, c'est juste Seth Gueko qui adopte le flow de Booba et ses intonations... Et qui fait un couplet oubliable. Et sinon, Niska, je supporte toujours pas et c'est objectivement très faible sur ce morceau.
la punchline prof de français: "Ils se firent niquer, tabasser car ils eussent parlé de nous"
Joey Starr Rmx
Rien de vraiment honteux dans le texte de Seth Gueko sur ce son, mais rien de transcendant non plus; l'instru et le refrain sont à limites de l'écoutable. Un son passable, dans tous les sens du termes.
la punchline c'est pas la mer qui prends l'homme: "On va t’la mettre si profonde qu'même Christophe Colomb pourra pas la retrouver"
Ça Fonctionne
Un feat avec son compère de Neochrome, Alkpote, qui se révèle à la première écoute très déroutant... Alkpote sous autotune (bon, c'est pas choquant en soi, il l'avait déjà fait dans l'Orgasmixtape 2), je l'ai trouvé affreusement sous-utilisé au début. Et puis finalement, tout s'imbrique: l'instru (qui m'a d'ailleurs un peu fait penser à la musique d'Euro-Mir), ce refrain délicieusement épileptique, les phases doublées d'Alk, Seth qui se met en retrait pour le mettre en avant. C'est un bon trip.
la punchline de parkfan: "Je plane comme à Euro Disney"
Gros Gamin
Une prod de soundtrack de jeu vidéo, mais contrebalancée par des basses trop puissantes; un texte régressif, mais malheureusement trop égotrip; ça aurait pu être bon si ça assumait son délire à fond. Dans l'état c'est juste moyen. J'imagine ce que, par exemple, Vald aurait pu faire en gardant cette instru et ce titre...
la punchline de CP: "Là où tu rêves de faire pipi, refrè, j’ai déjà fait caca"
Boulette en Métal
Seth Gueko est très bon sur ce son, que ce soit dans ce refrain jouant sur les mots ou dans son couplet, trop court, où il enchaîne punchline sur punchline. Sadek fait lui honneur à son invitation, mais Joke... faut que Joke arrête de jouer au gangster, en fait. La prod de Hits Alive est toujours de très bonne facture mais un peu répétitive, et on arrive en fin d'album, ça peut vite fatiguer.
la punchline argent sale: "J’ai mes liasses dans l’slip, c’est c’qu’on appelle des sous-vêtements"
Paracétamol
L'album finit comme il a commencé: de manière sombre, sur une prod de Hits Alive. Ce morceau fait vraiment la dualité avec le premier en tant qu'intro/outro: là où Gros Dérapage envoie pour le démarrage, Paracétamol est plus lent, plus "triste" aussi (avec un refrain autotune bien maîtrisé). Seth Gueko lâche un texte assez faible et très peu marquant mais, étrangement, réussit sa sortie.
la punchline en soldes: "J’baise les vendeuses, j’ai la fièvre acheteuse"
Donc, Professeur Punchline, comment c'était ? Ben... c'est pas mal, c'est pas mal du tout. C'est un album que j'attendais et je n'ai pas été déçu, il a tourné en boucle tout le week-end. Après on ne va pas se mentir: bien que je recommande chaudement cet album, ce n'est pas non plus le meilleur album de Seth Gueko. C'est un peu trop long, pas construit de manière très heureuse, et le peu de variété des prods peut fatiguer sur la fin de l'album. Et les punchlines sont trop souvent des calembours, le professeur ne fait pas assez montre de son talent pour les assonances/allitérations (remember "devant la patrouille pas un mot ne sort de ma glotte / j'sors de ma grotte un Glock sous la redingote"). C'est donc un peu moins bon que Bad Cowboy, et on retrouve toujours ce côté "je fais de la punchline pour faire de la punchline", mais ça reste un album -et un artiste- que j'écouterai longtemps.
Les morceaux à retenir:
- Titi parisien
- Mr l'Agent
- Chintawaz
Les morceaux à jeter:
- La Meuf du Moment
- Chantilly Nutella
- Joey Starr Rmx
http://explorersclub.fr/2015/11/09/professeur-punchline-seth-gueko-critique/