Iliketrains n'est pas du genre à rêvasser près des vaches en contemplant les trains qui passent. C'est au fil métallique des lignes ferroviaires anglaises en fuite que ses membres, vêtus d'uniformes de la British Rail, ont forgé leurs voyages sonores et les trames magnifiques de ce mini-album. Bercée par le ronron cristallin d'une guitare ou d'un violon, puis emportée dans le crescendo d'une batterie intempestive, avant de repartir de plus belle au cœur d'un autre déluge instrumental, la musique instable de ce quintette de Leeds ne cesse de frôler l'accident. Si le timbre bouleversant de David Martin n'était pas là pour nous rappeler que les trains ne marchent pas sur l'eau, on suivrait direct Iliketrains sur les terres canadiennes de Godspeed You! Black Emperor. Entre Nick Cave, Stuart Staples et Ian Curtis, sa captivante palette vocale conte des histoires d'un autre âge sur un explorateur (Terra Nova) ou le joueur d'échecs Bobby Fischer (A Rook House for Bobby). Epique. (Inrocks)
ILiKETRAiNS aurait très bien pu s'appeler I Like Trains But I've Chosen Darkness, tant ce groupe de Leeds, fondé en 2003, s'inscrit dans la lignée d'un rock ténébreux. Le jeune pensera immédiatement à Interpol. Le moins jeune aux Chameleons. Tous les deux seront contents. Car les sept morceaux de ce mini-album dégagent un lyrisme sombre et romantique auquel il est difficile de résister. Quant à la voix de baryton sépulcral de David Martin, elle ferait passer Ian Curtis pour Francky Vincent.
Mais là où les Editors, autres experts en lugubre, cherchent l'efficacité avec des pop-songs compactes, iLiKETRAiNS étire ses morceaux à l'aide de plages instrumentales. Le quintet fait défiler des paysages sonores à la beauté glaciale et brumeuse, au croisement du shoegazing et du post-rock. En écoutant ces longs crescendos rythmés par une batterie incandescente et parfois un cornet à piston, ces cascades symphoniques de guitares, on se prendrait presque à croire qu'il y a une ligne de chemin de fer qui relie l'Islande de Sigur Rós au Canada de Godspeed You! Black Emperor, dans les profondeurs obscures de l'Atlantique.
Sur scène, le groupe se produit en uniformes de la British Rail. C'est aussi bien que les Converse et les vestes en cuir. Autre signe particulier : un penchant pour l'histoire pas forcément très joyeuse. "Terra Nova" raconte ainsi l'expédition macabre du capitaine Scott dans l'Antarctique en 1912. "A Rook House for Bobby" évoque la folie de Bobby Fisher, champion du monde d'échecs en 1972, tandis que "The Beeching Report" revient sur la réforme ferroviaire anglaise qui a envoyé au chômage un bon nombre de cheminots, dans les années 60. Ami étudiant à l'âme un brin tourmentée, ce disque est pour toi. c(Popnews)
Si vous cherchiez un album à écouter lors de vos interminables trajets en train dans nos vertes prairies et que vous avez l’âme mélancolique, "Progress Reform" d’ iLiKETRAiNS est fait pour vous. Ce quintet originaire de Leeds a pour particularité d’être accoutré avec des uniformes de la société des chemins de fer britannique lors de ses prestations live et de diffuser sur scène des vidéos morbides à l’aide d’antiques projecteurs. Le label bordelais Talitres, sur la foi de quelques singles parus l’an passé, signa les cheminots pour leur premier album, faisant preuve une nouvelle fois de leur talent de dénicheur (The Organ, Redjetson, Early Days Miners..). Ce mini-album (sept titres pour une durée légèrement supérieure à la demi-heure), à la frontière entre la cold-wave et le shoegazing, est habité par la voix caverneuse de Dave Martin. Les textes renforcent le côté mélancolique des morceaux puisqu’il y est souvent question de tragédies individuelles : l’expédition de Robert Scott en Antarctique (Terra Nova), la déchéance du champion américain d’échec Bobby Fischer (A Rook House for Bobby)…Sur le plan instrumental, les guitares se taillent la part du lion, à grands coups de distorsion et de reverb'. Les cordes (violons) viennent parfois adoucir le trait et ralentir le rythme en début de morceau (No Military Parade ou Stainless Steel) avant de laisser les guitares s’emballer de plus belle telles une locomotive lancée à toute vitesse sur la lande désolée. Stainless Steel est le titre qui résume le mieux la variété des paysages sonores explorés par I Like Trains, le long de ces 8 minutes de montées en puissance qui débouchent sur un final époustouflant et grandiloquent. The Beeching Report clôture l’album en relatant la réforme du rail dans les années 60 qui mit au chômage des milliers de personnes. Un chœur digne de l’armée rouge (interprété par des membres de Forward Russia et This and Al) reprend à tue-tête les mots « Reform ! Reform ! » comme une accusation lancée à Mr Beeching, l’instigateur de la dite réforme. Glacial. (indiepoprock)