Deep Purple s'est reformé depuis une petite dizaine d'années, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses n'ont pas beaucoup changé : Ian Gillan et Ritchie Blackmore ne peuvent toujours pas se blairer. S'en suit donc un jeu des chaises musicales, après l'aller retour du chanteur quelques années auparavant, c'est le guitariste qui claque la porte du groupe.
Malgré toute l'admiration que j'ai pour l'homme en noir, c'est peut-être la meilleure décision qu'il ait prise depuis plusieurs années. En effet, depuis la reformation et l'album Perfect Strangers, on ne peut pas dire que l'évolution musicale du groupe ait été flagrante, surtout que Blackmore avait plus ou moins la main mise sur la musique du groupe.
Un changement était donc nécessaire, et ce changement de guitariste était le moment idéal.
Arrive donc l'américain Steve Morse, et d'un coup, d'un seul, on a à faire à un tout autre groupe. Dès le début de l'album, on est fixé ; Les 30 premières secondes de "Vavoom: Ted the Mechanic" contiennent plus de groove que tout ce qu'à fait Deep Purple depuis les années 70.
Et c'est comme ça pendant tout l'album, en grande partie grâce à Morse : solis techniques et hyper mélodiques (je soupçonne un certain J. Petrucci de s'être un peu inspiré du monsieur), arpèges cristallines (rhaaa, ce son de guitare en clean), rhytmiques hargneuses et groovy... Il est définitivement le grand homme de cet album.
Mais les autres membres du groupe sont loin d'être en reste, ils jouent à un niveau où on est en droit de les attendre, la section rythmique Paice-Glover groove comme pas permis après 4 albums beaucoup trop carrés, Gillian montre qu'il est toujours en voix après plus de 20 ans de carrière, et Jon Lord reste égal à lui même.
Véritable preuve de la volonté d'évolution, on trouve ici le groupe sur des terrains où on ne les avait jamais vu auparavant, des titres comme "Loosen My Strings", "The Aviator", "A Touch Away" ou "The The Purpendicular Waltz" dénoteraient dans un autre album de Deep Purple, mais pas ici. On est moins dans le hard rock pur et dur, quelques touches folk viennent de glisser ici et là, pour un résultat très réussi, mais quand il faut avoiner, "Cascades: I'm Not Your Lover" ou "A Castle Full of Rascals" montrent que les papys en ont encore sous la pédale.
Le groupe n'oublie pas aussi de composer de très belles mélodies, "Sometimes I Feel Like Screaming" constitue peut-être la plus belle ballade du groupe (le point d'orgue revenant au solo de guitare).
Bref, Purpendicular est un album où le groupe lache totalement les chevaux après de trop longues années placées sous le joug d'un guitariste certes très talentueux, mais un peu trop borné et une véritable tête de lard, qui constitue au final une excellente surprise et (avis totalement subjectif) peut-être le meilleur album du groupe.