Drôle d'oiseau
Quel drôle d'oiseau au bord de la voie rapide du Bourget, passant indifférent devant le bouquet virtuose des Fougas Magistères de la Patrouille de France, évanoui devant le mauvais cheval (le no 4) ...
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le 26 juil. 2014
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A la croisée de Bourvil et Randy Newman, les chansons douces-vaches et insolites de Thomas Fersen ravissent.Souvent, quand on dit qu'on aime Bourvil, il se trouve une âme affolée pour immédiatement dévier la conversation, la ramener au musically correct. Alors on insiste, on jure qu'à la maison il ne dépare pas les rayonnages, entre Boss Hog et Bowie, on cite avec passion les noms de Verlor et Nyel, cette paire de songwriters supérieurs qui offrirent à André Bourvil à ne surtout pas confondre avec Pouèt, Pouèt Bourvil ses chansons les plus bouleversantes : C'était bien (au petit bal perdu) ou Ma P'tite chanson. Et là, les sourires amusés se crispent : on est sérieux, on n'est pas, comme souvent, dans le gratuit jouissif de la provoc nullarde. Ce qui rassure, c'est qu'en France quelques-uns des artistes que l'on respecte le plus dans la chanson avouent un vice identique pour cette mélancolie poignante,cette douce et tendre dureté, de Miossec à Murat en passant par Tue-Loup. Thomas Fersen est, à coup sûr, de ceux-là. On ne raconte pas l'horreur domestique avec une telle légèreté, un tel mélange de distance et de spleen sans avoir écouté Mon frère d'Angleterre. L'Angleterre, justement, qui faisait autrefois fantasmer le dandy punk Fersen (il cracha sur Siouxsie et dansa sur Clash) est aujourd'hui une terra incognita pour cette inspiration. Pourtant, ne surtout pas croire les douaniers forcenés de "l'exception culturelle française", cette secte qui célébra le premier album de Thomas Fersen, Le Bal des oiseaux, d'une de ces Victoires en chocolat. Loin des hystéries francophoniques et de ses obsessions de pureté, on sent que l'ironie cinglante de Dugenou ou Marie-des-guérites, ce décalage gonflé entre la cruauté du propos et la nonchalance de ces musiques cascadeuses, a été apprise autant chez Brel qu'en Amérique, chez Randy Newman ou peut-être Loudon Wainwright iii. Bourvil, Randy Newman : du coup, on ne comprend pas un mot de ce qui a été écrit sur Thomas Fersen, ces sempiternels renvois aux poètes officiels Ferré et Trenet ou, pire encore, à Kent, ce radoteur d'un Paris gavroche de Musée Grévin. Car la liberté que prend le Parisien avec la langue et les arrangements, autonomie déjà esquissée par Le Jour du poisson, fait de lui un cas vraiment à part dans la chanson française. Surtout qu'ici, en cocufiant les facilités cabaret, gouailleuses, blues-rock ou jazzy de ses trois premiers albums, ses chansons tracassées par les arrangements cagneux du formidable Joseph Racaille (on y entend des ondes Martenot ou du glockenspiel, c'est super) prennent une ampleur insolite, glorieusement hors temps, hors norme, hors cadre, hors orgueil, hors goût, hors tout. Un chanteur totalement évadé, parti très loin, mais à l'intérieur. "Dans le réduit de mon cerveau", dit Irène. C'est vaste. (Inrocks)
Thomas Fersen est étonnant. Sans se poser de questions, il continue son petit bonhomme de chemin. En plus, comme il est gentil, il emporte les auditeurs pour de petits trajets rafraîchissants au fil de ses pérégrinations à lui. Après Cuba où il a fait bronzer ses gambettes le temps d'un album, il revient dans son terroir français d'origine et, avec l'aide de Joseph Racaille (autre album à découvrir), il délivre un carnet de route sympathique et allègre peignant des paysages bucoliques délirants emprunts de rythmes latins, teintés parfois de java ou de polka, souvent d'un jazz chaud et lent. Sérieux et dérisoire, il oscille entre le rire et les larmes mais reste fidèle à une écriture travaillée et pointilleuse. Une fois passée la bête barrière du "Hé-ho ton truc c'est de la bête variété à 2 francs", laissez-vous aller au gré du texte travaillé de "La Chandelle" et goûtez ces paysages qui vous sont dévoilés. Pour le plaisir des yeux et des oreilles, "Qu4tre" est un album qui vous fera revoir tous vos a priori sur la variet'. (popnews)
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Créée
le 26 févr. 2022
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