MC Solaar sème sa première graine
C'est à 22 ans que MC Solaar signe son 1er album; un des tous premiers albums de rap français digne de ce nom.
Loin du niveau de maturité de Prose combat qui viendra 3 ans plus tard, le bonhomme nous lègue ce qui se fait de mieux à cette époque dans l'hexagone, et pourtant il y a beaucoup de failles dans ce premier essai. Mais également quelques satisfactions ("Victime de la mode", "Caroline" et "Armand est mort").
Je n'ai pas voulu noter trop sévère car il faut recontextualiser les choses.
France, 1991, rap. Trois mots qui ne vont pas forcément de paire au début des nineties, là où seuls quelques groupes avaient sortis le bout de leur nez de façon probante (NTM, Assassin, IAM).
MC Solaar tente malgré tout d'imposer sa patte et son style. Encore très jeune mais avec la rime déjà en devenir, il nous propose des sujets à la fois léger ("Ragga Jam"), nostalgique ("Caroline") et pesants, voire difficiles ("Quartier nord", "La devise", "Armand est mort").
Lire cet album, c'est presque lire le chapitre d'un livre dans lequel des paragraphes seraient dédiés aux expériences passées du monsieur. Certes, le niveau musical ne gravite pas dans les hautes sphères du hip-hop, mais l'album a au moins le mérite de proposer une lecture fraîche et enjouée de ce que MC Solaar a à témoigner.
On lui fera donc grâce du manque de consistance que représente ce premier opus, manquant cruellement d'assise technique, il s'appuie néanmoins sur du vocabulaire recherché à la rime bien rincée; le flow saccadé symptomatique d'un rap naissant en France, aux accents funk et jazzy en sus.
Un album historiquement (en France) très important dans le paysage pré-pubère du hip hop. Et rien que pour la quasi primeur de sa sortie, on se doit de le saluer et lui donner une place de choix.