On retrouve chez La Guardia, nouveau projet d'Emmanuel Tellier, les mêmes atouts et faiblesses qui présidaient aux destinées de ses anciens groupes Chelsea et Melville. À savoir un goût assuré et affiché pour une pop tout à tour légère, nerveuse, sensuelle ou esthétique, à l'image des groupes qu'il savait si bien défendre à la grande époque des "Inrockuptibles" : The Apartments, Feelies et Go-Betweens pour ne citer qu'eux. Actuellement rédacteur en chef adjoint de "Télérama", Tellier prouve ici que sa démarche de passionné reste intacte, non émoussée par des années de critique rock. On sent que son travail nourrit l'artiste, toujours à l'affût, que ces coups de coeur alimentent son oeuvre. Album de fan, donc, mais d'amoureux de musique avant tout, "Quinacridone rose" séduit par son savoir-faire mais pèche parfois par excès de préciosité, de manque d'urgence. Son principal intérêt réside dans sa qualité d'écoute. Pas tant par ses moyens de production que par ce qu'il donne et demande à être. Comme à fleur de peau, il réclame de l'attention et se nourrit de celle-ci. Étiré sur une heure, rythmé d'interludes, il accompagne l'auditeur sur un chemin langoureux, de balades en sous-bois vers un bord de mer de fin d'été, via les routes plus rudes qui traversent les déserts de nos villes, de nos vies. Il se propose plus qu'il ne s'offre, un vrai disque d'artisan donc ! (Popnews)