“Someday i want to smack your face” ! Tel sont les premières paroles de la première chanson du premier disque des stranglers. Au moins on est prévenus, et la suite seras a la hauteur de ce manifeste.
Les stranglers sont uniques dans l’explosion rock de 1977, car en fait ils n’ont rien a voir avec le punk, bien que se produisant sur les mêmes scènes. Déjà les membres du groupe savent jouer, un exploit a l’époque. et puis leur origines déconcertent : jet black (batterie) a 39 ans, est batteur de jazz et négociant en spiritueux ; hugh Cornwell (guitare/chant) 28 ans est diplômé en biochimie ; dave greenfiel (claviers) le même âge est musicien professionnel ; Jean jacques Burnel (basse/chant) 25 ans est guitariste classique et 6e dan de Shidokan.
Une légende noire va très vite se former, alimentée par une presse avec laquelle ils ont des rapports houleux, leur humour étant largement incompris, leur positionnement impossible, le compromis n’étant pas le point fort du groupe. Groupe qui n’a d’ailleurs pas peur d’affronter la violence, fréquente a l’époque, lors des concerts en Angleterre. Burnel n’hésitant pas a descendre de scène pour jouer au milieu du public et se faisant quelquefois respecter a coup de basse. Et puis il y a les finchley boys, des fans hardcore qui les suivent dans tous leurs déplacements.
Bref les stranglers sont inclassables, produisant une musique puissante, mêlant de nombreuses influences, ne se conformant pas au format classique des 3 minutes 30 couplet/refrains, se faisant un point d'honneur de changer de son à chaque album. Le style est inattendus, porte par le jeu de basse puissant et mélodique de burnel (il y a un avant et un après burnel, tant il va influencer de nombreux bassistes) et les nappes d’orgue et de synthétiseur de greenfield qui ne sont pas sans rappeler ray manzarek (dont il ignorait l’existence), cornwell intervenant ponctuellement en contrepoint de la basse ou des claviers et black n’oubliant pas son passé de jazzman.
1977 : Rattus Norvegicus (United Artists). Le parpaing dans la gueule! J’en ai déjà parlé plus haut mais « sometimes », 35 après, a conservé son impact. Le disque est sombre, puissant, écoutez « hanging around » et sa terrifiante entrée de la basse, « get a grip on yourself » ironique et l’album se clôt sur la cataclysmique suite de 8mn « down in the sewer » évoquant les rats dans les égouts.