Repérée dans les compilations La Souterraine, notamment pour sa superbe reprise de Tu ne dis jamais rien de Léo Ferré, P.R2B, de son vrai nom Pauline Rambeau de Baralon, propose son premier long format paru chez Naïve le 22 octobre 2021 après le EP Des rêves paru en 2020.
Par rapport à ses productions précédentes, on remarque immédiatement un bond qualitatif des instrumentales qu’elle chevauche. Ces dernières sont denses avec de belles sonorités notamment les claviers et les cuivres qui ornent un Rayons Gamma qui oscille entre chanson française et une pop rythmée qui domine l’album. Si P.R2B est créditée comme compositrice, elle s’est entourée de trois producteurs que sont Alex Rigaud, Julien Loutelier et Tristan Salvati.
Les morceaux ou parties de morceaux sans percussions lui réussissent particulièrement, l’emphase de sa voix au singulier et profond timbre s’exprimant sans retenue. (Ma meilleure vie, Lettre à P., Mon frère & Vie de chienne). Du reste, P.R2B « court » parfois après la musique, s’obligeant à débiter très rapidement des textes plutôt conséquents, allant jusqu’à effleurer le rap et le ska (Plus rien de bien).
Tantôt intimiste et engagée, tantôt plus légère ou poétique, P.R2B conte le rapport aux autres et à soi-même sans grande originalité mais avec quelques bonnes idées.
- « Tu avais les yeux qui brillaient de l’assurance de ceux qui jouissent d’une place d’importance ». (La chanson du bal) ;
- « Je sors le soir avec ma lady, elle porte lunettes et traits d’esprit, des dollars plutôt que du Brandy, c’est des faux espoirs qu’elle vous brandie. Vous l’avez tous aimé mon amie, elle vous rend visite toutes les nuits. Je voudrais pourtant qu’elle me quitte et que de mes peines je m’acquitte ». (Mélancolie) ;
- « Tous ces kings ont oublié qu’on trime pour leur plaisir et leurs victimes pour se sauver ». (Ma meilleure vie) ;
- « J’n’ai plus vingt ans mais je n’en ai pas trente, s’il faut voir la mort je veux qu’elle soit lente. Comme les idées creusent qu’on nous remercie, toutes celles qu’on noyait d’un whisky ». (Lettre à P.) ;
- « J’ai retrouvé ma chambre et rien n’avait bougé, comme si le futur est une chose qu’on s’inflige, si seulement la télé n’était pas obligée de me rappeler à tout ce qui m’afflige ». (Mama) ;
- « Petite fille de province d’une ville de diagonale vide, vide, comme le vide originel ». (Mais qui sont les coupables) ;
- « Mon frère tout était possible même si tu n’as pas le même sang que moi ». (Mon frère).
Ce long format doit être écouté comme de la pop plus que comme de la plus noble catégorie de la chanson française. Ce faisant, c’est un excellent disque avec plus ou moins de réussites dont quelques titres que l’on ressent et retient pleinement.