Loin de moi l'idée de vouloir me moquer de ce brave Ian Hill (dont la basse est toujours aussi inexistante sur cet album au passage), mais soit il est d'une candeur proprement hallucinante, soit il se fout de notre gueule d'une puissance 10 fois supérieur au cri le plus rageur de Rob Halford. Lorsque j'ai vu le super concert du groupe au zénith le 17 juin dernier, les titres de l'album ne m'avaient pas apparus si faibles, ils se fondaient bien au milieu des classiques et restaient dans le même ton. Du coup, moi qui n'attendais rien de l'album, je me suis dis que ça ne serais peut-être pas si mauvais que ça. Raté.
Je comprends l'envie du groupe de faire un album plus direct que Nostradamus, qui était à la fois très réussi et assez raté, je ne demande que ça, et pas la lune hein, mais au moins un album aussi sympa que Angel of Retribution, qui s'il n'était pas le meilleur album de Judas Priest, faisait au moins preuve d'un minimum de talent et d'originalité. Redeemer of Souls, bien au contraire, se contente du strict minimum, et ne semble à aucun moment dépasser du moule dans lequel il a été conçu.
Le groupe dit avoir voulu faire un album classique de ce qu'ils font, c'est une très bonne idée. Mais du coup, on a l'impression de n'avoir que du déjà-vu. Tout ce qu'on entend là, non seulement on l'a déjà entendu en mieux (Reedemer of Souls qui ressemble à Hell Patrol), mais en plus ça se contente vraiment du minimum de ce qui peut faire une chanson. Deux petits couplets, un solo plus ou moins heureux (souvent moins que plus, hélas, malgré les efforts des deux guitaristes), et un final mou ou Halford n'a plus la niaque de gueuler comme un fou. Sérieusement, il suffit d'entendre le final de la chanson titre, ou de Halls of Valhalla (mix de Leather Rebel et Noght Crawler, en moins bon aussi). Sans compter très souvent les mauvaises transitions abruptes entre les chansons. C'est tout ? Où sont donc passées les très bons moments de Nostradamus ? Tout album concept qu'il était, il nous proposait des chansons mille fois plus inspirées et épiques (Prophecy, Revelations, Pestilence and Plague, Death). Et le problème, c'est que malgré tout, les grosses cartouches de l'album sont balancées dès le début (si Dragonaut peut-être appellé grosse cartouche...), et passé March of The Damned, toute inspiration semble s'évanouir d'un coup, et le disque enchaîne les mauvais titres sans aucun intérêt (Down in Flames, Hell and Back, Cold Blooded, Metalizer). On pourra tout de même sauver quelques petites choses, notamment Crossfire avec son petit accent bluesy qui, s'il n'est pas extraordinaire, fait son effet, ou la ballade Beginning of the end assez correcte même si banale. Quant à Battle Cry, il est un peu au-dessus du lot, mais la voix de Rob peine vraiment à tenir la distance, et gâche le tout. Notre Metal God est fatigué, et ne brille jamais vraiment tout au long du disque (quand il n'est pas carrément à l'agonie, sur certaines phases de Halls of Valhalla, avec ses parties de chant en growl assez ridicules). Il était pourtant récemment très en forme sur scène, dommage.
Du coup, que retenir de cet album ? Rien... Des chansons single qu'on pourra écouter quelques fois sans grand entrain, et un goût amer dans la bouche... De plus, la production est assez mauvaise et ne met pas du tout en valeur les instruments, la batterie est bidon sur pas mal de morceaux du coup. Quand on écoute Dragonaut pour la première fois, ça fait mal. C'est ça la production moderne de Judas ? Eh ben... Et pourtant les précédents albums étaient bien mieux réussis (comparez : Judas Rising (2005) https://www.youtube.com/watch?v=4jazmdoxlpY, Revelations (2008) https://www.youtube.com/watch?v=9-dLT3WJ0iY et Dragonaut (2014) https://www.youtube.com/watch?v=ZFj-VUvotH8). Les guitares sont saturées, lourdes certes, mais n'ont aucune classe et ont un rendu assez dégueulasse en fin de compte.
Bref, je suis vraiment déçu, et pourtant j'en attendais rien, mais vu ce que Judas a pu présenter dans les années 2000, c'est vraiment en dessous. Du coup, ça fait mal de le dire, mais si on excepte la période Owens que j'ai vraiment détesté, Redeemer of Souls restera pour moi le pire album du groupe ( et pourtant je ne suis pas forcément très fan de Rocka Rolla, Sad Wings of Destiny, Sin after sin, ou Turbo). Enfin, il paraît qu'ils vont reprendre les studios début 2016. J'espère qu'ils sauront nous surprendre et produire un album sympa qui renoue avec leur son.