Fan du chanteur depuis près de vingt cinq ans, je ne peux que m'indigner devant cet album médiocre. Depuis qu'il a viré bobo et qu'il ballade ses états désabusés en bandoulière, Renaud est chiant puisqu'il se regarde à travers le prisme de sa propre dépression, ne fait plus illusion quant au caractère engagé de son personnage qui a pris du plomb dans l'aile. Du coup, ses textes sont peu inspirés, manquent de tranchant à part les rythmes de Toujours debout et j'ai embrassé un flic qui tiennent la route. Même si son deuxième come back (boucan d'enfer, le retour),encouragé par Grand corps malade, s'est fait, celui qui connait bien l'artiste sent que cette entreprise ne sent pas l'envie de retrouver un public, ni de bomber le torse. Ca me fait de la peine de voir Renaud sur une pente déclinante et à tant fustiger ce temps assassin qui dépossède, il est devenu lui même désincarné au point de faire la pantomime pour une industrie du disque qui vend la renaissance comme un produit de consommation chronique dans une carrière musicale. Qu'il fasse sa tournée et emmerde le système en produisant un album qu'il a voulu et ne sent pas la commande comme celui-ci. C'est ce que je souhaite à Renaud de retrouver son flingue et de convoquer un succès non programmé. Je ne vous conseille pas d'écouter non plus la chanson cachée de l'album, caricature de slam immonde et vulgaire, qui achève de décrédibiliser la sensibilité artistique de Renaud Séchan. Un jour, je n'aurais jamais cru écrire des lignes aussi dures sur toi, héritier d'Aufray et de Brassens mais j'espère que tu te ressaisiras mon poto et que tes postures déjoueront les impostures ambiantes. Alors, fais comme Jonathan et redonne des ailes à ces marmots du vingt et unième siècle qui ont bien besoin de se révolter les yeux bien ouverts pour un monde beaucoup plus acceptable que le nôtre.