Qui nous coupera les cheveux quand nous serons partis ? Formulée en titre de l'unique et cultissime album des merveilleux The Unicorns, la question était restée sans réponse alors que le groupe jetait l'éponge fin 2004. Fantasque et fanfaron, le trio laisse à l'histoire un joyaux de pop psychédélique siphonnée, grand bazar orchestré qui amorçait la nouvelle vague de la pop canadienne, aujourd'hui consacrée par le triomphe de The Arcade Fire. Le grand fou tout roux Richard Parry avait d'ailleurs largement contribué à Who Will Cut Our Hair When We're Gone ? Aujourd'hui, alors que J'Aime Tambeur et Nick Diamonds, deux tiers de The Unicorns, mettent en orbite Islands, leurs amis Win Butler, Régine Chassagne, Richard Parry et Sarah Neufeld sont de la partie. Return To The Sea est le grand disque farfelu et génial que l'on attendait. Islands a trouvé une carte au trésor qui indique le chemin secret vers un Éden pop, où l'on pourrait être à la fois un fieffé branleur et un musicien généreux. Cette terre promise, Jonathan Richman ou Pavement l'ont entraperçue, mais ils n'avaient pas dans leurs malles les arguments de Islands : cor, cordes, clarinette, violons, orgue, flûte, sonnette de vélo, bouches qui sifflent et même un cuica, instrument de musique membranophone brésilien (sic). Autant d'éléments qui insufflent une énergie incroyable à leurs chansons joyeusement barrées. Avec Don't Call Me Whitney, Bobby, il y a de la rumba dans l'air. Rough Gems est un tube malin et accrocheur à siffler sous la douche. Volcanoes évoque un mini-Johnny Cash en pyjama se dandinant sur une mélodie somptueusement orchestrée. Les Canadiens savent aussi calmer le jeu : sur un air de Wurlitzer, If installe ses accents jazzys à l'aide d'une clarinette. Return To The Sea est un manifeste beau et joyeux, à la folie parfois inquiétante, un disque qui fait souffler un vent de liberté rassérénant sur nos platines, par un groupe qui joue de la flûte mais ne raconte pas de pipeau. (Magic)