Je suis M depuis ces débuts de Machistador et chaque sortie d'album me rend toujours curieux, même si depuis "îl", j'avoue avoir de plus en plus de difficultés à rentrer dans son univers (à l'exception de Lettre infinie, son précédent album très réussi). Ce n'est pas de sa faute car j'ai changé et mûri, la grande candeur de Mathieu a moins d'effet sur le quadra modérément cynique que je suis devenu et puis mon oreille a découvert d'autres sons, d'autres artistes depuis. Il faut dire aussi que la première qualité que je lui trouvais était sa virtuosité guitaristique, et ses derniers albums plus sages, moins rocks, moins électriques la mettent moins en avant (Lettre infinie faisant là aussi office d'exception).
Un peu étrange cet album, Révalité. D'une part parce que les deux promesses affichées lors de la promo ne sont pas tenues. La présence d'Gail Ann Dorsey est trop discrète et l'apport de sa basse n'a rien de particulièrement transcendant, ce qui d'ailleurs vient nous rappeler que M se débrouille finalement aussi bien tout seul. Et le concept de l'album n'est pas exploité sur tous les titres, à moins que ce soit moi qui n'arrive pas à capter le message. La poésie est à la base un voyage sans fin entre rêve et réalité, la musique n'est elle pas en soi déjà révalité?
Et d'autre part, ce disque semble coupé en deux. Une première partie composée de 5 morceaux rythmés, dynamiques, agréables à l'écoute et bien réalisés à défaut d'être originaux et modernes dans leur sonorité. Et puis le reste, probablement touché par sa parentalité récente, M nous livre 6 musiques de films, aux textes naïfs voire enfantins (Nombril, petit homme, la langue des oiseaux...). L'énergie, la rythmique disparaissent totalement pour laisser place à la poésie, à l'émotion mais la magie n'opère pas, les mélodies un peu simples et les textes convenus manquent de force et ne parviennent pas à nous emporter là où M aurait voulu nous amener. Il fait le reste du voyage sans nous.