À l'instar de leurs collègues DEF LEPPARD, les années 90 ne pouvaient pas plus mal commencer pour KISS. Anéantis par la mort de leur batteur Eric Carr qui les a accompagnés durant toute la décennie 80, Stanley, Simmons, Kulick et le nouvel arrivant Eric Singer sortent un nouvel opus encadré du signe de deuil. Le titre annonce la couleur : Revenge, KISS veut prendre sa revanche sur la vie en livrant un album qui n'avait plus été aussi Heavy que depuis 82-83.
Vu la photo centrale du livret du disque, les membres du groupe sont on ne peut plus sombres. Finies les fanfreluches colorées de la période Animalize/Asylum. KISS nous tient par les couilles avec son Heavy Metal non tourmenté ni torturé pour autant : on a droit à des titres bien enjoués (Tough Love, Heart Of Chrome, I Just Wanna), un hommage instru (Carr Jam 1981) ou de la guimauve avec God Gave Rock'N'Roll To You II (reprise d'ARGENT un peu hors-sujette sur ce disque obscur). Puis on repassera pour la ballade obligatoire qui vaut pas tripette.
Mais cet album marque surtout une résurrection pour Gene Simmons, lui qui a passé des années de Hard FM à rester dans l'ombre d'un Paul Stanley chaud comme la braise. Ici, le Demon revient en ouverture avec un monstre du nom de Unholy. Sans doute l'un des meilleurs titres de son répertoire : Gene retrouve sa voix ténébreuse, les riffs sont saturés, le refrain culte, le clip très 90's... Sans compter l'étonnant Domino où il se permet une prestation Blues/Rock de qualité. Sur Revenge il prend le dessus en imposant cette hargne si propre à sa personnalité, et livre ses meilleurs morceaux depuis longtemps (Spit, Thou Shalt Not, Paralyzed).
Bref, grâce à Revenge, KISS parvient à se refaire une beauté à une époque où les temps (et les sonorités) sont plus durs.