Dimanche 6 décembre 2020, 01h35. La fatigue de l’hiver paralyse à moitié mon esprit, et j’erre sans réel but sur Internet. Je regarde ma liste d’albums à écouter, et un en particulier m’interpelle : Rodeo, de Travis Scott. Je connais sa réputation d’album sombre et au son psychédélique, et je me dis que cela correspondrait parfaitement à l’ambiance et à mon état à ce moment.
Je le lance, semi-hypé, semi-défoncé, et après une introduction assez quali', classement nommée Pornography, découvre les deuxième et troisième morceaux : Oh My Dis Side et 3500. Deux immenses murs de son, noyés dans la reverb’, les basses et l’autotune. Deux blocs qui m'achèvent de par leur obscurité et leur son planant, qui mettent mon esprit dans un état qui n’est plus que partiellement conscient et le noient dans ses nuages. Les deux pistes suivantes (Wasted et 90210), qui submergent moins mes oreilles (mais restent pour autant de très grande qualité), me laissent un peu de répit. Et heureusement, parce que j’en ai besoin pour les 13 minutes les suivants, qui me replongent dans la même ambiance que les premiers morceaux, mais tout en réussissant à se renouveler : Pray 4 Love est un hybride R&B, Nightcrawler est la personnification musicale d’une soirée où tout le monde est défoncé, et Piss on Your Grave un morceau hyper agressif, fun et inventif. Ce ballet entre instants de repos et trips auditifs continue dans la deuxième partie de l’album, tout en évoluant, se reconstruisant en permanence, en étant toujours nouveau tout en restant identique. L’album fini, il me laisse aussi épuisé que rassasié. Il est 2h47, et je devrais aller me coucher.
J’aurais pu m’étendre sur les compositions toutes folles et hyper-inventives de Rodeo, vanter sa maîtrise exceptionnelle de l’autotune, parler de comment Travis crée un son absolument unique à partir d’un genre souvent décrié, la Trap. Mais à la place de ça, je vais tout simplement vous dire d’aller l’écouter. Rodeo ne se décrit pas, il se vit, comme une expérience parfaitement étrange et unique, quelque part entre une fête où coule à flot l’alcool et un voyage spirituel digne d’un moine bouddhiste. Et une expérience unique, c’est comme ça qu’on décrit le mieux les grands albums.
Ma note : 9-/10
Meilleurs morceaux : Nightcrawler, 3500, Piss on Your Grave
Pires morceaux : Apple Pie, I Can Tell, Antidote
Critique d'abord publiée sur RYM : https://rateyourmusic.com/music-review/Klavor/travis-scott/rodeo/140759042