Placez le disque dans le lecteur, mettez le casque sur vos oreilles, pressez la touche "lecture"...
Faut reconnaître que c'est un peu le bordel aux premières écoutes, d'autant que j'étais un peu échaudé par les dernières sorties de projets de l'Alchemist, notamment autour de Gangrene qui prenait une direction trop prolifique et finalement de facture assez moyenne. C'était pas mauvais, mais ses quelques fulgurances étaient noyées dans une masse grouillante de sample horror hip-hop et de riffs crados pas toujours à propos. Bref, j'avais vraiment aimé ses prods solo, notamment celles qu'il a sorti pour Prodigy en 2011 sur The Ellsworth Bumpy Johnson, et c'est ce que je voulais retrouver.
Russian Roulette est un album concept, certes. Et si de prime abord c'est bordélique, après quelques écoutes, ça devient foutraque, et finalement de très bonne qualité. Les prods sont vraiment bien foutues, les featurings viennent donner du relief à l'ensemble et laissent à The Alchemist tout loisir de construire un univers successivement mélancolique, sombre, calme ou impétueux. Il peut même se permettre de sortir tout le monde de la torpeur soviétique savamment orchestrée par une pièce en deux parties — Moscow mornings & Moscow evenings, marquant un épilogue pour sa pièce, avant de plonger dans le dénouement de celle-ci par une composition en six volets.
Filez-lui sa chance, si la balle ne part pas au premier coup, réessayez une fois, deux fois, trois fois... Russian Roulette devrait finir par vous rentrer dans le crâne.